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ANDRÉ LAURIE

créer, au sein même du pays, une industrie capable de fabriquer la quantité de sucre nécessaire à notre consommation. La question fut soumise à l’Académie des sciences et, sur un rapport favorable fourni par elle, des essais furent entrepris immédiatement. De vastes champs furent plantés de betteraves et les chimistes furent mis en demeure d’en extraire tout ou partie du sucre que renferme cette plante indigène. Ces essais ne réussirent qu’imparfaitement, mais on espérait que des machines plus perfectionnées augmenteraient le rendement insuffisant jusque-là.

De toutes parts s’élevèrent alors des raffineries, si bel et si bien qu’après les catastrophes de 1814 et 1815, l’avilissement du sucre fut tel que toutes les fabriques naissantes durent suspendre leurs opérations. La sucrerie indigène créée par l’Empire tombait avec lui. Elle se releva plus tard, grâce à une protection poussée parfois jusqu’à l’excès, mais la crise fut conjurée

C’est dans ces circonstances que parut le décret impérial de 1812 qui instituait des écoles de chimie et des fabriques chargées de l’extraction du sucre de betterave. Cent mille arpents furent consacrés à la culture de cette plante. Des licences furent accordées à tous les fabricants et le sucre indigène fut affranchi d’imposition pendant quatre ans.

Aujourd’hui, le perfectionnement des moyens d’extraction et celui de la plante elle-même modifiée par une culture habile, permettent d’obtenir le sucre de betterave dans des conditions de prix et de qualité égales à celles où s’effectuait la production du sucre provenant de la canne exotique, de telle sorte que les deux plantes saccharifères, loin de rivaliser entre elles, se sont associées pour concourir à la satisfaction d’un de nos besoins les plus indispensables (Arth. Mangin).

Éd. Grimard.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA

(La guerre au Transvaal)

PAR
ANDRÉ LAURIE


X

Johannskopje.


Un kopje est une colline escarpée, distincte de toute chaîne apparente et isolée dans la plaine du Veldt ; particularité géologique propre à cette région de l’Afrique australe. Dans leurs luttes incessantes contre les indigènes, les Boers ont appris à utiliser ces hauteurs comme des observatoires et des forts détachés que leur a fournis la nature. Ils les ont graduellement reconnues, modifiées et perfectionnées en vue de leur destination militaire ; ici creusant un abri sous un rocher, là dressant un petit mur de pierres sèches, ailleurs traçant une rigole, perçant un trou qui peut servir de « regard » ou de meurtrière ; partout considérant le kopje, d’un accord tacite, comme la sentinelle et le poste avancé de la défense. C’est grâce au kopje que deux ou trois tireurs boers ont arrêté toute une armée de Zoulous. C’est grâce au kopje encore qu’ils espèrent maintenant, inférieurs en nombre, inférieurs en science militaire, arrêter l’invasion britannique.