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COLETTE EN RHODESIA

à la naissance du nez. Ces deux barres noires s’élançaient en montant vers le haut du front.

Hanna vit ma surprise, et tout bas :

« N’ayez pas peur, me dit-elle. Emmy est un peu sorcière, mais elle ne vous fera pas de mal. »

Emmy nous jeta un mauvais coup d’œil et s’éloigna :

« J’aimerais autant ne l’avoir pas vue, dis-je frémissante.

— Je vais vous en montrer une autre qui vous plaira mieux, reprit Hanna. Aïno, viens un peu près de nous, que je fasse les présentations dans les règles. Allons, secouons les pattes : Aïno Mérander, Minna Warmroth. Voilà qui est fait. »

Aïno, une douce blonde, aux cheveux cendrés, sourit, et, à son tour, voulut « m’en montrer une bonne ».

Une brune fillette, dont les yeux semblaient des pervenches fleuries, s’avança :

« Celle-là, dit Aïno, c’est Sigrid, notre amie Sigrid ; tout le monde l’aime et vous ferez comme tout le monde, vous ne pourrez pas vous en empêcher. »

Avec mon petit cœur débordant de tendresses, je ne demandais qu’à fraterniser. Petit à petit, j’arrivai à m’y reconnaître dans ces Heddi, ces Elsa, ces Hilda, ces Tina, et à fixer mes préférences. Quand mon père revint, je lui sautai au cou, et, du doigt lui désignant Sigrid, Aïno et Hanna :

« Vois-tu, père, lui dis-je à l’oreille, ces trois-là et moi, nous ferons deux paires d’amies.

— Un quatuor, alors », riposta mon père en riant.

Un quatuor. Le nom nous resta.

J. Lermont.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE


II

L’atelier souterrain


Parmi les installations de Massey-Dorp, rien n’avait intéressé aussi vivement lady Théodora et son frère, lord Fairfield, que le laboratoire souterrain établi par M. Weber dans une ancienne galerie de mine phénicienne.

Formé d’une chambre spacieuse, voûtée comme la crypte d’une église romane, il était en communication directe, par des couloirs de plusieurs kilomètres de longueur, avec les abords immédiats de la vieille forteresse où le jeune ménage Hardouin avait élu domicile. Et, par d’autres couloirs analogues, il s’amorçait sur un ravin proche de Massey-Dorp. Toute la plaine intermédiaire, au surplus, était creusée d’anciens travaux abandonnés, et les uns, comblés par les éboulements du sol, les autres, restés intacts à travers trente ou quarante siècles. La direction commune de ces galeries convergeait vers les caves de la tour phénicienne, ainsi que M. Martial Hardouin l’avait établi dans un mémoire présenté à l’Institut de France comme résultat de ses fouilles, et il en tirait la conclusion, corroborée par tout un ensemble de menus faits, que cette tour conique, aujourd’hui devenue