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ANDRÉ LAURIE

sur sa houppelande et en font un Bonhomme Hiver, une statue de neige.

M. Olan sait entendre la plaisanterie. Comme un lion en colère, il secoue en riant sa chevelure presque aussi blanche que la neige qui la poudre et il est prêt à la riposte. Il se baisse, prend de la neige à pleines mains et, bien armé cette fois, attaque à son tour.

Toutes, alors, se liguent contre M. Olan, qui va avoir affaire à forte partie. Heureusement pour lui, la cloche disperse les assaillants et le devoir reprend pour une heure ses dociles victimes.

Après quoi, nouvelle récréation de dix minutes et nouvelle étude jusqu’à trois heures ; puis, les cours terminés définitivement, le cantique final chanté et la prière dite avec le même cérémonial que le matin, les fillettes ont tout le reste de la journée pour se reposer, jouer et se préparer pour leurs leçons du lendemain.

C’est à ce moment que nous, le quatuor, nous nous retrouvions, toujours avec le même plaisir, pour étudier ensemble, nous aider mutuellement à faire nos devoirs et ensemble nous amuser des mille riens qui font la joie des pensionnaires de tous les pays, quels que soient leur âge et leur sagesse.

J. Lermont.

(La suite prochainement.)


LES CHERCHEURS D’OR DE L’AFRIQUE AUSTRALE

COLETTE EN RHODESIA
(La guerre au Transvaal)
Par ANDRÉ LAURIE


III

Les Boers s’agitent.


Il était environ six heures après midi, et toute la famille, réunie sur la pelouse de Massey-Dorp, respirait avec ses hôtes la première brise du soir, quand Gérard survint hors d’haleine :

« Des visites !… cria-t-il. Et des visites en nombre, vous pouvez m’en croire !…

— Qui donc ? demanda Colette.

— Les Mauvilain !… Je les ai bien reconnus de loin.

— Comment ! les Mauvilain chez nous ? dit M. Massey. Ah ! les braves gens, que je serai aise de les revoir… Connaissez-vous cette famille de fermiers boers, lady Théodora ? ajouta-t-il en se tournant vers la jeune femme, ou bien avaient-ils déjà émigré lorsque vous étiez ici ?

— Je les ai vus une fois ou deux. Colette m’a conduite à leur ferme, et je me rappelle avoir fort admiré la laiterie de dame Gudule. Ils avaient quitté la région ?

— Mais oui ; une invasion de chercheurs d’or, dont nous avons nous-mêmes eu cruellement à souffrir, les avait mis en fuite. M. Mauvilain, à ce moment-là père d’une robuste lignée de douze enfants, arrivée aujourd’hui, si je ne me trompe, au chiffre de quatorze, ne put endurer le voisinage des gens sans foi ni loi qui composaient cette tourbe. Il plia bagage et porta ses pénates plus loin, selon la coutume immémoriale du Boer harcelé ou molesté par des voisins incommodes…

— Ne jetez pas de pierres dans notre jardin, monsieur Massey, fit gaiement lady Théodora, et n’oubliez pas que les Boers descendent, en majeure partie, de ces huguenots qui ont dû fuir la France pour avoir la vie sauve, sous celui que vous appelez bien à tort le « grand roi »…

— Événement que je déplore, je vous l’avoue, car il a fait un mal incalculable à