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JACQUES LERMONT

n’eût tenu qu’à nous d’éviter. Or nous ne savons rien, ou presque rien, de l’entretien de cette machine, sinon, d’une manière générale, qu’il faut respirer, boire, manger, dormir, se baigner et prendre de l’exercice. Les Américains, plus soigneux que nous, ne le sont pas encore assez, si l’on en croit le docteur Gardner, dans la Revue Munsey.

Se nourrir, c’est donner au corps ce dont il a besoin et non ce qui plaît au palais. Plus nous nous rapprochons des choses telles que la nature nous les fournit, plus nous sommes dans le vrai à cet égard. Cuisine compliquée, sauces savamment épicées, mets de haut goût n’ont rien à voir avec nos véritables besoins. D’où le régime des viandes grillées et rôties, des légumes au naturel, des fruits crus ou cuits. Les céréales, qui sont par excellence la nourriture de l’homme, — blé, maïs, seigle, avoine, orge et riz, — doivent être consommées sous forme de bouillie, de gruau ou de pain complet, ce pain fait avec de la farine moins soigneusement blutée et que l’on a essayé, depuis quelques années, de mettre à la mode en France. La fine fleur de farine avec laquelle on confectionne le pain de luxe est dépourvue justement des éléments qui nous sont le plus indispensables, entre autres, des phosphates que réclament nos os, et il ne nous apporte plus guère que de l’amidon et du carbone, producteurs de chaleur et d’énergie ; nos os et nos muscles n’y trouvent plus leur compte. Pain complet, pain bis, pain de seigle, pain d’orge, à la bonne heure !

L’eau pure est la boisson idéale de l’homme. Encore faut-il, à l’encontre de toutes nos idées reçues, ne boire, ni pendant les repas, ni pendant la demi-heure qui précède et celle qui suit les repas. Ainsi éviterons-nous les dilatations de l’estomac et nous assimilerons-nous vraiment notre nourriture. Eau glacée, glaces et sorbets, loin d’activer la digestion, refroidissent la muqueuse stomacale et interrompent la production du suc gastrique. Prise en grande quantité, l’eau glacée est dangereuse et même mortelle. Le thé et le café ne sont point un aliment, et, considérés comme breuvages, l’espèce humaine se porterait infiniment mieux sans eux. Quant à l’alcool, ce devrait être un médicament et un médicament seulement ; la moins pernicieuse manière d’en absorber serait le pur whisky à très petites doses dans beaucoup d’eau, mais toutes les boissons alcooliques nous sont funestes.

Nous savons que nous ne pouvons vivre sans air ; mais, bon gré, mal gré, les habitants des grandes villes respirent de l’air qui a déjà passé par les poumons de plusieurs individus, sans compter les nombreux chevaux que nous côtoyons. De plus, la majeure partie de la vie des citadins s’écoule dans des chambres closes. De là l’urgence de donner de l’air à nos poumons pendant la nuit. Toute personne valide doit, avant de se coucher, ouvrir les portes et fenêtres de sa chambre à coucher et les laisser ainsi toute la nuit ; un rideau suffit pour empêcher les regards indiscrets. Qu’on ne craigne point les rhumes : les soldats en campagne, les chemineaux ne s’enrhument pas à la belle étoile. On s’enrhume dans des pièces surchauffées et sans ventilation. Pendant leurs sept à huit heures de sommeil, les citadins, bien couverts dans leur lit, introduiront de l’oxygène dans leurs poumons et répareront le mal causé pendant la journée.

Il est bien entendu que, pour ceux qui n’en ont point l’habitude, il faut un « entraînement » et qu’il ne conviendrait point de commencer en plein hiver par des fenêtres toutes grandes ouvertes.

Chaque soir, en se couchant, il faut procéder à un lavage à l’eau froide de la figure, des bras et des mains, des pieds et des jambes, et se frictionner avec une serviette rugueuse jusqu’à ce que la peau soit rouge. De même, le premier acte, au réveil, doit être de plonger le corps humain dans de l’eau froide, tiède ou chaude, selon l’âge et la force de l’individu. Un quart d’heure ou vingt minutes d’exercices convenables : haltères, poids et poulie, après ces ablutions, voilà le sûr moyen de réveiller la vigueur physique et mentale des êtres les plus surmenés.

Ce n’est pas tout : il n’est pas une personne sur vingt qui sache… respirer. La respiration ordinaire, inconsciente, est un