Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIV, 1901.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsque la baleine remonta à petite distance, la pirogue se hala dessus. Des coups de lance lui furent portés par le lieutenant et le harponneur. Comme ces coups n’atteignaient pas les organes essentiels, la baleine, au lieu de souffler le sang, souffla blanc comme à l’ordinaire, en filant vers le nord-est. Il y avait donc certitude qu’elle n’était pas mortellement blessée.

À bord du Saint-Enoch, le capitaine Bourcart et l’équipage suivaient avec le plus vif intérêt les péripéties de cette chasse, qui pouvait se prolonger. Il n’était pas impossible, en effet, que l’animal continuât à fuir pendant plusieurs heures. Aussi M. Bourcart remit-il son navire au plus près, afin de rejoindre la pirogue, dont deux bons milles le séparaient alors.

Cette embarcation courait avec une prodigieuse vitesse. Tel que l’on connaissait le second lieutenant, on savait bien qu’il ne se résignerait point à abandonner sa proie, malgré les conseils de prudence qui lui avaient été donnés.

Quant à Yves Coquebert, après avoir débrouillé sa ligne, il se préparait à aider son camarade.

Une demi-heure encore, et il fut aisé de constater que la baleine commençait à s’épuiser. Ses immersions ne duraient que quelques minutes, preuve que la respiration lui manquait.

Romain Allotte, profitant de ce que sa marche se ralentissait, fit haler sur la ligne, et, à l’instant où ralliait la pirogue du lieutenant Coquebert, son harponneur Ducrest parvint à trancher un des ailerons de la baleine avec son louchet, et d’autres coups lui furent portés au flanc. Après un dernier plongeon, elle reparut, battant l’eau avec une violence telle qu’une des pirogues faillit chavirer. Enfin sa tête se dressa au-dessus de l’eau, et elle souffla rouge, ce qui indiquait sa fin prochaine.

Néanmoins, il fallait se défier des dernières