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CHARLES ET ARTHUR SE METTENT EN ROUTE

écrirait souvent. Il lui donna au moment de partir une petite somme pour qu’il eût un peu d’argent à lui. Charles l’accepta en se promettant de la rendre intacte à son frère… et même considérablement grossie, si… si… Ah ! ce trésor de M. Toupie !

Les bagages des deux garçons consistaient en deux valises plates, assez grandes pour contenir les vêtements indispensables, mais faciles à manier. Il ne fallait pas être embarrassé par de gros colis pour aller d’un endroit à un autre. Sur chacune de leur bicyclettes qu’ils emportaient étaient fixées de très jolies musettes, cadeaux de Mme Treillard ; munies de belles courroies jaunes, elles pouvaient au besoin être portées en bandoulière.


« voilà ! voilà ! » s’écria arthur en bondissant hors de l’auto.

Arthur, pour fêter le départ, avait convié une vingtaine de camarades à venir goûter chez lui dans l’après-midi de la distribution des prix. Personne ne connaissait le but de leur voyage ; on savait seulement que Charles et Arthur allaient visiter la Bretagne. La réunion fut joyeuse. Tous ces garçons partaient, les uns pour une plage, les autres pour la campagne ou la montagne. Les soucis, les mauvaises places, les compositions ratées, les pensums, les retenues, tout s’était envolé et chacun se voyait libre pour plus de deux mois. On mangea force babas, force éclairs, force tartes aux cerises ; enfin on vida une coupe de champagne et le doyen des invités porta un toast à Charles et à Arthur.

« Chers amis, nous vous souhaitons beaucoup de plaisir, beaucoup d’aventures et beaucoup d’imprévu. Nous savons qu’avec Arthur on peut prévoir les choses les plus comiques, mais avec Charles nous sommes rassurés, car son esprit sage et pondéré remettra les choses d’aplomb.

« Vivent les voyageurs ! »

Tous, autour de la table où était servi le goûter, levèrent leurs verres en répétant : « Vivent les voyageurs ! »

Et l’on se sépara après beaucoup de démonstrations de cordialité.

Le départ des deux amis eut lieu le lendemain matin. Le train partait à 9 h. 45. Charles fut exact. D’une main il tenait sa valise, de l’autre il poussait sa bicyclette. Son frère l’avait accompagné et ils attendaient Arthur devant le contrôle, car les bicyclettes devaient être enregistrées ensemble. Mais on ne voyait pas arriver Arthur.

« Le voilà qui commence avec ses étourderies, s’écria Charles mécontent ; nous allons manquer le train !… Tous nos plans vont être bouleversés… Ah ! cet Arthur !

— Un peu de patience, répondit Louis en tirant sa montre, nous avons encore dix minutes. »

Tandis qu’il prononçait ces mots, une auto arrivait à toute allure et s’arrêtait au bord du trottoir.

M. Treillard en descendit vivement ; il prit la valise, le chauffeur se saisit de la bicyclette, et, suivis d’Arthur, ils se précipitèrent dans la gare. Arthur bondit de l’auto ; il tenait sa cravate d’une main, de l’autre son pardessus. Il mordait dans un petit pain.

« Ah ! j’étouffe, je n’ai pas fini ma toilette… papa m’a pris au collet… j’ai à peine eu le temps d’embrasser maman… je… je…

— Allons… voilà le bulletin de bagages… Charles, prenez-le, s’écriait M. Treillard qui, en un instant, avait