Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

fait enregistrer les bicyclettes… Allons… »

Tout en courant, les voyageurs gagnèrent le train ; déjà on fermait les portières.

M. Treillard poussa son fils dans un compartiment. Charles y grimpa à la suite. M. Treillard lui serra vigoureusement la main tout en lui criant, tandis que le train démarrait : « Si Arthur vous donne trop d’ennuis, renvoyez-le-moi ! »

Charles et Arthur, penchés à la portière, agitaient leurs casquettes.

« Au revoir ! Au revoir ! »

Ils virent bientôt disparaître M. Treillard, Louis et le chauffeur, qui riait encore en pensant à Arthur que son père avait littéralement sorti du lit et conduit à la gare à demi endormi.

Lorsque la gare se fut effacée à leurs regards, Arthur se laissa tomber sur la banquette en s’écriant :

« Ouf ! Je vais d’abord achever mon petit pain et…

— … finir de t’habiller, continua Charles en riant.

— Oui, tu as raison. Mais tu sais, je suis furieux parce que j’ai très mal dit adieu à maman.

— Et pourquoi ne t’es-tu pas levé plus tôt ?

— Parce que je ne me suis pas réveillé.

— Ça, c’est une raison ! » dit Charles en riant.

Tandis que ce dernier arrangeait ses bagages et se saisissait du Guide Bleu, Arthur acheva sa toilette tout en monologuant :

« Ce que tu es joliment ficelé, toi ! Tes bas sont bien tendus sur tes jambes. Et puis ils sont chics. Où les as-tu achetés ? À Paris, à la Vieille Angleterre, n’est-ce pas ? Et tes chaussures, elles reluisent comme le soleil… et bien lacées… Quant à ta ceinture, à ton col, à ta cravate, tout est correct… Tu vas avoir honte de ton ami Arthur… Non… parce que tu es un brave camarade… Ah ! ma cravate est-elle droite ? Tu n’as pas un miroir ? Moi, j’en avais un, seulement je l’ai cassé ce matin, en mettant le pied dessus… Merci, tu es bien gentil. »

Charles avait pris un miroir dans sa valise et l’avait fixé sur un des dossiers du wagon.

« Voilà… Maintenant, mes cheveux. Là, un bon coup de peigne et ça y est. Ma casquette en place… là… voilà. Comment la trouves-tu ? Moi, je préfère la tienne. Mais comme elle est grande !.…


arthur avait pris la casquette de son père.


Elle s’enfonce sur les oreilles… Oh ! la… là… c’est la casquette de papa que j’ai prise au lieu de la mienne… Oh ! sapristi… je suis ridicule… je ne peux pas la garder. »

Et Arthur regardait sa figure devenue tout à fait comique sous une casquette trop large.

« Écoute, à Rennes, nous achèterons une casquette ; tu comprends, je ne veux pas voyager nu-tête… À propos, n’est-ce pas, nous passons la nuit à Rennes ?

— Oui, mais le lendemain, départ pour Dol.

— Bah ! nous avons le temps… un jour de plus, un jour de moins, cela n’a aucune importance.

— Et le trésor ?

— Il ne s’envolera pas, tu peux en être certain.

— Et si un autre le découvre avant nous !

— Non, non… ne me dis pas cela, je ne dormirai plus… »

La journée se passa fort agréable-