la vieille bretonne tenait arthur par son veston.
— Tu l’as dit, homme sérieux ! Ce que je rageais !… Mais que faire ? Je me suis mis en route à pied. J’ai bien fait dix kilomètres, ne rencontrant que des paysans. Tous se retournaient, étonnés à ma vue… Je devais avoir un drôle d’air. Enfin j’entends une carriole qui venait derrière moi. Je fais signe à la femme qui la conduisait de s’arrêter. Je lui propose de me ramener à Rennes pour vingt francs. Comme elle s’y rendait, elle accepte. Sur ce, j’ai eu le tort de lui raconter mon aventure ; alors elle s’est imaginée que moi aussi j’étais un voleur, d’où ses cris. Quelle vieille sorcière ! Quant à mes Anglais
— Tu peux leur courir après ! s’écria Charles. Mais dorénavant je ne te quitte plus, tu entends ! Et tu vas me promettre de ne jamais rien accepter de gens que tu ne connais pas.
— Oui, je te le promets… Je ne veux plus te causer des ennuis. »
Arthur s’empressait de rassurer Charles, car il lisait sur le visage de ce dernier combien il avait été rendu inquiet par son escapade.
andis que Charles et Arthur
commençaient à explorer la Bretagne
méthodiquement, Colette
Dambert, son frère et Mlle Marlvin,
dans leur automobile, traversaient la
France comme un bolide. Colette
était enragée. Mlle Marlvin ayant cité
la Bretagne comme l’un des pays où
l’on trouverait le plus de statues de la
Vierge, Colette voulait y arriver sans
tarder. En quel lieu ? Dans quelle
ville ?
Elle ne se donnait pas la peine de réfléchir. Il fallait au plus vite pénétrer dans la vieille province française. Cette précipitation ne provenait pas d’un manque d’intelligence : mais Colette n’avait jamais été contrainte à beaucoup d’application et à la moindre discipline. Apprenant ses leçons avec facilité et faisant passablement ses devoirs, son esprit, quoique bien doué, ressemblait assez à un papillon qui voltige çà et là sans se fixer nulle part, et elle laissait aux autres le soin de penser pour elle.