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CONCURRENTS OU MYSTIFICATEURS

Les chercheurs de trésor se hâtaient. Ils quittèrent la route de Saint-Malo et s’engagèrent dans celle qui mène au Mont Dol.

Bientôt, ils abordèrent les pentes de la petite montagne isolée. Arrivés au sommet, ils poussèrent un cri d’admiration. Leur vue embrassait un splendide panorama.

Tout autour d’eux s’étendaient les marais de Dol, merveilleux de verdure.

Au loin, la mer brillait, embrasée par les rayons du soleil ; à travers les vapeurs de l’horizon, le mont Saint-Michel laissait voir sa pyramide finement découpée.

Plus près, Dol, autour des tours de sa cathédrale, pressait ses toits aigus. Plus près encore, le menhir du Champ-Dolent se dressait, énorme borne grise de granit, surmontée d’une croix, dominant de ses neuf mètres les arbres qui l’avoisinaient.

Sur le Mont Dol lui-même, s’élevaient une chapelle, deux moulins aux vastes ailes, ceux-ci auprès d’une fontaine dont les eaux, paraît-il, ne se tarissent pas, même par les plus grandes chaleurs.

Charles et Arthur jetaient des regards avides autour d’eux. Ils découvrirent le rocher sur lequel se remarque une excavation, empreinte, d’après les légendes du pays, soit du pied de saint Michel prenant son élan pour bondir du Mont Dol sur le mont qui porte son nom, soit du pied du Diable. Mais surtout leurs yeux se dirigèrent vers la tour qui supporte une statue de la Vierge.

Charles paraissait soucieux.

« Qu’as-tu donc ? s’écria Arthur un peu inquiet.

— Ne vois-tu pas que le trésor de M. Toupie ne peut se trouver ici ?

— Pourquoi ?

— Mais regarde la Vierge : elle n’est pas sur un rocher, elle est sur une tour !

— Oh ! c’est vrai !…

— Eh bien ! le programme du concours dit : « Une statue de la Vierge sur une roche. »

Arthur réfléchit quelques instants. Puis il s’écria joyeusement :

« Attends ! Attends. Mais la tour est sur un rocher.

— Sans doute, mais…

— Écoute, il ne faut pas nous décider ainsi à la légère.

— Comme tu es sérieux ! Arthur, tu m’étonnes.

— C’est que j’ai très envie que tu trouves le trésor.

— Tu es le meilleur ami du monde. »

Arthur se mit à rire. En lui-même, il se disait que Charles était bien le meilleur des deux : avec quelle indulgence il avait excusé ses gaffes et son bavardage !

Charles tira de son portefeuille le programme du concours, et les deux amis se mirent à examiner soigneusement l’endroit où ils se trouvaient et ses alentours, en se référant sans cesse au fameux programme.

Le temps passa ; ils ne s’apercevaient pas de sa fuite.

Tout à coup, cependant, ils remarquèrent que les ombres s’allongeaient singulièrement sur le sol. Le soleil allait se coucher ; il fallait songer au retour.

« Nous reviendrons demain afin de nous assurer que le trésor de M. Toupie ne peut être ici, » décida Arthur d’un ton sans réplique.

Et Charles et Arthur reprirent le chemin de Dol.

L’astre était sur le point de disparaître dans la mer, le ciel perdait de son éclat lorsqu’ils longèrent le menhir du Champ-Dolent, dont l’ombre gigantesque semblait vouloir écraser les deux jeunes voyageurs. De loin ils voyaient s’allumer une à une les lumières de la petite ville.

« Regarde, Charles, dit Arthur quand ils se retrouvèrent dans la Grande-Rue, regarde ces vieilles maisons à arcades, aux toits pointus. Et cette ancienne cathédrale !… N’est-ce pas tout ce que réclament les données du concours de M. Toupie ? Non ! Non ! nous ne pouvons en rester là de nos recherches.

— Oui, tu as raison, » déclara Charles qui pensait comme son ami.

Une surprise les attendait à l’hôtel. Dès qu’ils franchirent la porte, Fiacre, le garçon, se précipita au-devant d’eux en s’écriant :

« Messieurs, messieurs, il y a un paquet et une lettre pour vous. »

Et il leur tendit les deux objets. Comme Fiacre était assez curieux, il resta