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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

près des jeunes gens pour savoir ce que contenait l’un et l’autre. Il affectait de ranger des chaises contre le mur, mais il ne quittait pas des yeux Charles qui ouvrait la lettre.

Charles lut à haute voix :

« Messieurs,

« Excusez-nous de vous avoir faussé compagnie l’autre nuit. Mais une automobile charitable nous a recueillis. Je vous remets la lampe électrique, espérant que vous n’avez pas pensé que nous l’avions volée.

« Dans l’espoir de vous revoir un jour, nous vous envoyons nos sincères compliments.

« Procope et ses deux élèves. »

Il y eut quelques instants de silence, puis Charles s’écria :

« Ce n’est pas un voleur, mais c’est un drôle de personnage.


la fillette était perplexe.

— Un mystificateur ?.… interrompit Arthur.

— Non, un concurrent, murmura l’hôtelier qui s’était approché et avait écouté la lecture de la lettre.

— Nous devions aller à Saint-Malo pour cette affaire, mais est-ce bien nécessaire ? dit Charles.

— Oh ! messieurs, dit l’hôtelier, je vous conseille tout de même d’aller conter cette aventure au commissaire de police de Saint-Malo. Tout ça ne me dit rien qui vaille.

— Ça, pour sûr, » déclara Fiacre à son tour.

Les deux amis se rendirent donc à Saint-Malo par le chemin de fer. Durant le voyage ils n’avaient pas l’air content et tous deux se taisaient. Charles songeait que ce n’était décidément pas au Mont Dol qu’il fallait chercher le trésor de M. Toupie. Il déplorait d’ailleurs le temps dépensé dans ce voyage à Saint-Malo. Toutefois le déplacement ne serait pas inutile, puisqu’ils rapporteraient leurs bagages dont ils avaient le plus pressant besoin. Arthur, lui, songeait à toutes les aventures qu’ils avaient traversées depuis leur départ de Versailles. Il se creusait la tête pour deviner ce que pouvait être ce Procope. Était-ce un rival ?

Pourquoi avait-il filé de cette manière ? Enfin le mystère s’éclaircirait peut-être un jour ! Après avoir tourné et retourné toutes ces questions, il renonça à s’en occuper davantage. Ce n’était pas dans son caractère de se trop tourmenter.

Leur déposition faite au commissariat, Charles et Arthur revenaient le jour même à Dol avec leurs valises. Le lendemain, ils retournaient au Mont Dol. Ils parcoururent les marais dans tous les sens, remontèrent sur le Mont. Après avoir, d’en bas, scruté tous les environs, d’en haut, ils recommencèrent du regard leur examen. Certes, on apercevait des arbres et des rochers : en face de soi on n’avait que l’embarras du choix pour fixer son attention sur l’une des maisons à toits pointus et à arcades de Dol. Deux des conditions du concours étaient donc remplies. « En face d’une église ancienne de pur style »… La donnée était assez vague. Charles dirigeait ses yeux alternativement vers la cathédrale de Dol et la chapelle du Mont Dol.

Mais où étaient le lac, la rivière distante de trois kilomètres et le vieux château en ruines à cinq cents mètres ? Et puis, surtout, la statue de la Vierge ne reposait pas sur le rocher !

« Décidément, Arthur, le trésor n’est pas ici, il faut aller le chercher ailleurs.

— Oui… c’est certain ! »

Arthur jeta encore un coup d’œil tout autour de lui, puis il prit le