Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

toujours le côté comique des choses, si nous accrochions un de ces véhicules, quelle omelette nous ferions sur cette belle route blanche ! »

Mais rien de fâcheux n’arriva pendant le trajet. À une douzaine de kilomètres, alors qu’on était en pleine montée, Charles décida de s’arrêter près d’une meule de blé et il tira d’une de ses poches une carte et le programme du concours. Au loin, on apercevait le Puy et les silhouettes de ses deux pics.

« Voyons, dit-il en s’appuyant confortablement sur les coussins de la voiture, nous sommes en face d’une vieille église, la cathédrale du Puy ; il y a une statue de la Vierge élevée sur un rocher ; la vue s’étend sur des arbres… À trois kilomètres d’une rivière… Ma foi ! nous avons le choix entre la Loire, la Borme et le Dolézon… Un château en ruines ?… Nous avons encore le choix entre celui de Polignac que vous voyez là-bas, dans le lointain, et celui d’Espaly qui est plus près… Mais le lac ?… Voyez-vous le lac ?

— Non ! répondirent Paul et Arthur en même temps, mais il y a celui du Bouchet.

— Une route peu fréquentée… Mon Dieu, cela dépend du moment… Ah ! voyons-nous une maison à toit pointu dont la porte forme une arcade ?

— Ma foi ! dit Arthur, j’ai constaté qu’au Puy, il y avait de vieilles maisons répondant à ce signalement. Or d’ici nous apercevons le Puy…

— Tout ça, église, statue, vieille maison, route peu fréquentée, rivière, lac, château en ruines, se rencontre bien en détail. Le difficile, c’est de les trouver groupés selon les conditions du concours ! »

Ils se remirent en marche, arrivèrent à un carrefour, en vue de Roques, mais décidèrent de ne point s’y rendre pour l’instant et d’aller d’abord au lac du Bouchet. Le pays, éminemment pittoresque, les enchantait. La vue du lac du Bouchet surtout, qui occupe le cratère d’un ancien volcan et dont les eaux immobiles sont entourées d’un cadre verdoyant de forêts et de pâturages, leur arracha des cris d’admiration.

Mais là, ils constatèrent que le Puy avait entièrement disparu derrière le plateau. Arthur prit une figure tellement consternée que Charles se mit à rire.

Les jeunes gens parcoururent les alentours du lac, mais leurs recherches n’aboutissant à rien, ils décidèrent de revenir au Puy, car l’heure du déjeuner approchait.

Les explorateurs étaient navrés, mais lorsqu’ils eurent fait part du résultat négatif de leur course, la gaieté de Colette et d’Élisabeth remonta leur courage.

« Que faisons-nous cet après-midi ? »

Ce fut Arthur qui lança cette phrase au cours du déjeuner à l’hôtel, déjeuner auquel Élisabeth avait été invitée.

Paul, tout de suite, proposa à Élisabeth une grande promenade en automobile. Colette était de la partie. Mlle Marlvin s’offrait pour garder les jumeaux et la petite Marie, ce qui fut accepté avec joie par la grande sœur, car, rassurée sur le sort de sa petite famille, elle pourrait profiter de sa belle excursion sans remords. Arthur céda aux instances de ses deux amies, qui ne voulaient pas faire leur promenade sans lui. Charles décida de remonter seul à Roques.

« Oui, je te le conseille, dit Arthur, et cette fois grimpe jusqu’au village, Grimpe, grimpe ! »

Chacun, après le déjeuner, partit de son côté. Élisabeth, sur les conseils de Mlle Marlvin, s’était enveloppé la tête dans un voile de voyage, à cause du vent, ce qui fit beaucoup rire Colette qui allait généralement en automobile les cheveux au vent. Charles assista au départ. Élisabeth et Arthur agitèrent leurs mouchoirs et Charles entendit la voix de son ami qui criait :

« Grimpe… grimpe !… »

Mais avant d’aller à Roques, il voulut s’informer de Procope. Il se rendit dans les divers hôtels de la ville sans le trouver, puis il rentra à l’Hôtel de France pour prendre sa bicyclette. On lui remit une enveloppe adressée à Arthur.

« Elle a été apportée par un jeune garçon. Il a dit que M. Charles, aussi bien que M. Arthur, pouvait en prendre connaissance. Il avait l’air un peu embarrassé et très pressé.

Charles hésita pendant quelques secondes à ouvrir la lettre. Puis il se dit : « Non, il vaut mieux ne pas la lire, car si ce papier porte l’indica-