Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/106

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La voici qui se lève et s’avance. Ses formes sont pleines et harmonieusement balancées, sa démarche souple dit les heureuses proportions de son corps. De moyenne prestance, grande pourtant parmi ses compagnes, elle est dépassée du front par son époux, ce qui est la dernière proportion admise. L’usage indien défend à la femme de surpasser son mari par la taille. Dans la vie, elle doit, au figuré comme au vrai, marcher derrière lui, pieds nus, et couvrir l’empreinte de ses pas.

Et c’est à quoi la mariée s’exerce dans les diverses phases de la cérémonie qui se déroule sous nos yeux. Elle va, les yeux mi-clos, les bras collés au corps, les mains ramenées en avant, les paumes tournées vers la terre, les doigts relevés. Derrière elle, une parente la guide, la tenant par les coudes. Cette directrice de l’allure est une belle Indienne dont la face bronzée, déjà fanée, est empreinte d’une extrême douceur. Ses épaules délicates, rondes, montrent leurs lignes pures sous le petit corsage violet à fleurons d’or. Entre ce corset et la ceinture des pagnes luit la peau des flancs, de l’échine finement cambrée, peau satinée, à chauds reflets de cuivre. On croirait voir la