Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/139

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trépieds, des réchauds. En voici un qui, serrant sur son cœur une déesse’de bronze, prétend nous distancer à la course. « Achetez ! Achetez ! » Voilà l’unique refrain. Jamais, paraît-il, les affaires n’ont été aussi mauvaises. Nous passons. Voici la petite fontaine à vasque anguleuse. Filles et femmes se pressent autour de l’eau jaillissante avec leurs grandes pannelles de cuivre. Le vase est si lourd, une fois plein, que ce n’est pas trop de deux voisines pour aider la Rébecca pondichérienne à le charger sur sa tête. Puis elle s’en va, ferme sur ses hanches ; un bras gracieusement arrondi soutient le gros vaisseau de cuivre qui luit aux feux du couchant.

Il est cinq heures du soir. Le soleil décline à l’horizon. La vie reprend, dans ces rues jusqu’à cette heure à peu près désertes. Les portes à bossettes de fer s’ouvrent, chacun sort de sa maison, va, vient, vaque aux emplettes. Les draperies bariolées des femmes tranchent dans cette foule d’hommes noirs, uniformément vêtus de blanc. Des petites filles, le buste nu, les reins ceints du long jupon plissé, évasé du bas, qui est la robe d’intérieur, filent comme des rats le long des boutiques. Certaines por-