Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/189

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Puis, brusquement, de pied ferme, au beau milieu de la tirade sensuelle où elle semblait ne penser qu’à faire, de la bouche et du geste, un sort à chaque mot, la voici qui s’élance à plusieurs pieds de terre, tourne sur elle-même en un saut périlleux, frétille en l’air tel un gros poisson doré, et retombe sur ses pieds, calme, paisible, sans qu’un pli de son costume, sans qu’une fleur de sa coiffure ait bougé. Et la bayadère continue de débiter son monologue, avec sa mine astucieuse, sournoise et lubrique, plus voluptueuse que cette fameuse déesse Mariammin qui, par suite d’un accident, eut sa tête recollée sur le corps d’une prostituée, tête vénérée dans la pagode de Yirapatnam par la population des Macquois.

Nous quittâmes la maison de Sandiramourty fort avant dans la nuit, en le remerciant de nous avoir donné un spectacle aussi merveilleux. Les Hindous ne paraissaient point pressés de partir. La fête, une fois les profanes éloignés, devait prendre un caractère plus intime sur lequel je ne me suis pas fait renseigner.