Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/230

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éternelle faction. Le rite défend aux piétons chaussés de souliers de longer les pagotins d’Aïnar, il interdit aussi de s’en approcher à cheval ou en voiture. Puis, nous ayant adressé ses recommandations, le pandaram reprend sa promenade monotone, marmonnant des oraisons. Il s’éloigne le dos voûté, égrenant entre ses doigts les grains d’un collier d’oatrachon, grains qui écartent Yamen, génie de la mort, et dont les saillies embrouillées répètent certaines de ces figures qu’aime à prendre Çiva quand il descend sur la terre.

La statue équestre en terre cuite, de proportions colossales, est bien celle de cette divinité secondaire, gardienne de l’ordre, d’Aïnar, fils de Çiva et de Moyéni. Vous savez sans doute que Moyéni est un des avatars accessoires de Vishnou. Le grand Dieu aux mille formes jugea à propos de prendre celle d’une femme pour séduire les géants et leur enlever l’Amourdon, la liqueur sacrée qui donne l’immortalité et que les Déverkels avaient tirée de la mer de lait. Puis il s’amusa à tenter Çiva et y réussit jusqu’à le rendre père d’Aïnar.

Cet Aïnar est une divinité champêtre de première importance, quoique de catégorie infé-