Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/24

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beau temps, il est capable de diriger la nature dans, si j’ose dire, la « partie botanique ». La conduite d’eau douce qui longe, depuis quelques années, la rive droite, laisse échapper en bien des points le précieux liquide qui est la vraie manne du désert. À la végétation très humble que j’avais vue, il y a quelque dix ans, égayer de ses taches vertes les sables gris ou fauves, a succédé aujourd’hui une brousse fournie. Que l’eau continue de fuir, on verra, d’ici un demi-siècle, de véritables bois animer ce rivage désolé.

Si lentement que notre paquebot glisse au fil de l’eau, il m’est impossible, même à l’aide de ma forte jumelle, de différencier les essences variées qui s’essayent à pousser dans cette oasis en longueur. Il faudrait l’œil exercé d’un botaniste, et ce n’est pas mon cas. Je crois reconnaître, cependant, ces légumineuses à bois dur qui se propagent avec une si grande rapidité dans tout le désert éthiopien. La plupart de ces acacias, mimosas, dahlbergias, gleditschias sont des espèces importées. Ils font le désespoir de l’entomologiste qui bat en vain leur feuillage vert tendre et leurs rameaux épineux sans voir tomber dans son parapluie un seul insecte indi-