Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/250

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dravidienne se sont donné rendez-vous dans le lieu saint. Voici un garçon microcéphale qui vagit ; sa tête de singe n’est pas plus grosse qu’une grenade, et son corps est celui d’un enfant de quatorze ans. Voilà un paralytique porté à dos d’homme, une femme dont le visage entier a été décharné par un lupus, une fille sans nez, un vieillard dont l’ulcère malin découvre la moitié des côtes. Tel autre est atteint d’un éléphantiasis monstrueux. L’enflure de ses jambes, grosses et rugueuses ainsi que des troncs d’arbres, crevassées, gercées, sanglantes, ne laisse plus distinguer les pieds noyés dans la masse informe. Voilà un père qui est venu de plusieurs lieues en se roulant par terre, avec son enfant malade entre ses bras. Il a accompli son vœu, pénétré dans l’enceinte. Il se prosterne devant le sanctuaire. Essoufflé, efflanqué, dégouttant de sueur, souillé de boue, gris de poudre, il ressemble à une loque qui marcherait. Chacun de ses hoquets creuse sa poitrine maigre dont la peau paraît alors rejoindre sa maigre échine. Ses yeux agrandis par l’extase regardent, sans voir, les pénitents, qui, allongés sur le sol, les bras en croix, à plat ventre, marmonnent autour de lui des prières.