Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/287

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réflexions intimes de ces femmes de caste qui ont fait place nette.

Ces effrayées, dont la peur n’alourdit point les talons, sont, pour la plupart, nues jusqu’à la ceinture, n’ayant que le classique jupon long d’intérieur, remarquable autant par sa coupe évasée que par son large volant épanoui. Les torses de bronze clair, les chevelures de jais, l’argent ou le laiton des bijoux, les soies et les cotonnades de tons crus ont lui un instant sous les rayons du soleil qui tapent d’aplomb, puis tout a disparu, jusqu’aux vaches dont j’entends encore les sonnettes tinter.

Et j’ai eu, à ce moment, la vision de l’Inde véritable, de cette Inde qu’on ne voit pas, de cette Inde fermée à l’Européen qui, s’il en a forcé les places et soumis les nations, n’en peut que par surprise entrevoir un pauvre détail. Ainsi, il y a un mois, ai-je aperçu, dans le palais de Calicut, du haut d’une véranda très basse, les princesses et les brahmines se baignant dans le bassin de la cour intérieure, au retour de funérailles. J’ai eu la vue pleine et entière des plus beaux corps du Malabar et du Coorg, dans le cadre de la demeure royale où Vasco de Gama et ses compagnons furent reçus, voici