Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/38

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traverse un anneau de fer, leur fanon mince à contour circonflexe, sont bien ceux de cette vache Hathor adorée par les vieux Egyptiens et qui venait de l’Inde. Leur front disparait sous des bandeaux en perles bleues. Les essieux crient, les roues grincent, les bouviers excitent leur attelage de la voix. Partout il faut se garer, sur cette chaussée sans trottoirs où l’indigène a depuis longtemps perdu la coutume de se ranger devant l’homme blanc.

La foule se fait plus dense. L’attention dont je suis l’objet n’a rien de bienveillant. On n’est pas habitué à voir les Européens sortir à pied. Je m’étais arrêté devant une petite statue d’albâtre, un bodhisatva qu’un bonze exposait en plein vent, sur une chaise houssée de dentelles, afin de recueillir des offrandes. Cette image, d’un joli travail, soigneusement polie, avec ses draperies peintes et dorées, m’apparut là comme une figure amie. J’y reconnaissais ce travail de Delhi ou d’Agra, où l’on excelle à travailler le marbre, à le rehausser discrètement de couleurs vives et d’or, peut-être d’après la tradition grecque, et surtout depuis que les Italiens, appelés au xviie siècle par les empereurs Mogols, familiarisèrent les Hindous avec cette technique