Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/71

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blanc où l’on peut lire en lettres noires, hautes d’un pied, le mot PHONOGRAPHE. Force m’est d’entrer, et le barnum tamoul nous fait, à M. S… et à moi, les honneurs de son appareil. Moyennant quelques caches, — c’est-à- dire quelques centimes, — chacun peut s’appliquer les disques sur les oreilles et ouïr des sons variés, depuis les bruits d’une gare où un brahme se met à grand’peine en wagon avec sa femme, jusqu’au discours de M. Loubet aux électeurs de Montélimar. De celui-là les Hindous se montrent particulièrement friands. Ils en écoutent soigneusement le moindre mot, encore qu’ils n’en comprennent point le sens. Car on leur a dit, pour les décider à consommer, que M. Loubet, en personne, lui, le Président, pas un autre, avait parlé de sa bouche sur le cylindre. Puis ce rouleau avait été expédié par ses soins au Coromandel. Le respect absolu que professe l’Hindou pour les pouvoirs établis décuple pour lui l’intérêt de l’audition. Le barnum triomphe. C’est un indigène sans caste, se disant chrétien, qui travaille pendant le jour dans un bureau de l’administration et exerce, le soir, les métiers les plus divers. Sur l’heure, il s’improvise périégète. Nouveau Pau-