il y aurait lieu d’insister particulièrement
sur l’attitude de Cravan et sur celle de
Vaché. Je pense que Gide ne se relèvera
jamais de ces quelques pages de critique
désinvolte, qui n’ont rien perdu de leur
actualité. Apollinaire lui-même, qui manquait
⁁cependant moins d’humour, fait assez piteuse figure
dans ses démélés avec le prétendu neveu
d’Oscar Wilde, ne trouvez-vous pas ? Vous
savez peut-être que Cravan, pour bien
extérioriser son mépris de la littérature
militante et du genre « homme de lettres »,
avait entrepris de vendre "Maintenant"
lui-même, dans une voiture de quatre saisons.
Il a donné, durant la guerre, à New York
plusieurs « conférences » tumultueuses, au
cours desquelles, par exemple, il se déshabillait
sur la scène, jusqu’à faire évacuer⁁totale évacuation de la salle
par la police. Vers la même époque, en
Espagne, il a défié le boxeur nègre Ben
Johnson, alors champion du monde et (la
photo que vous trouverez dans l’exemplaire
le représente le jour du combat), etc.
Il avait réussi, je crois, à être déserteur
à la fois de cinq ou six pays. C’était,
vous le voyez, un curieux homme dont il
est à prévoir que la légende ira loin. Il a
disparu il y a quelques années en tentant
seul, un jour de tempête, la traversée du
golfe du Mexique dans une très frêle
embarcation.
Le manuscrit du "Poète assassiné" dont
je⁁il vous a ⁁été parlé comporte 167 pages auxquelles