Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/136

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me la montra. J’y lus les noms de femmes de qualité, de financières, de bourgeoiſes : il m’aſſura qu’il étoit blaſé ſur ces ſortes de bonnes fortunes ; qu’il ne ſe ſoucioit plus de femmes prétendues honnêtes ; que la plupart, ſans tempérament, n’ayant un amant que par imitation, par mode, par air, étoient des jouiſſances fort inſipides ; qu’il falloit en revenir aux putes… Par cet aveu flatteur il piquoit mon émulation : je déployai à ſon égard toutes les reſſources de l’art que m’avoit appris mon inſtitutrice, & il convint que je ſavois amuſer à merveille : exercice aſſez mauſſade pour moi ; mais il étoit généreux : je me fis un devoir de le ſatisfaire, ſauf à ne pas y revenir. Maltraité pluſieurs fois de mes ſemblables pour avoir été trop loyal, ce libertin étoit obligé d’uſer de toutes ſortes de ſtratagêmes, & de s’en tenir à l’image du plaiſir, de peur