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fait la peinture des plaiſirs qu’on goûte dans notre ſociété.

Troisième Partie.

Par la malheureuſe condition de l’eſpece humaine, nos plaiſirs ſont pour l’ordinaire paſſagers & trompeurs : ils ſont au moins futiles, vains & courts. On les pourſuit, on les obtient avec peine, on en jouit avec inquiétude, & ils entrainent le plus ſouvent après eux des ſuites funeſtes. A ces caracteres on reconnoit principalement ceux que l’on goûte dans l’union des deux ſexes. Il n’en eſt pas de même des plaiſirs de femme à femme : ils ſont vrais, purs, durables & ſans remords. On ne peut nier qu’un penchant violent n’entraine un ſexe vers l’autre ; il eſt néceſſaire même à la réproduction des deux ; & ſans ce fatal inſtinct, quelle femme de ſang-froid pourroit ſe livrer à ce plaiſir, qui commence par la douleur, le ſang & le car-