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de répondre aux épanchemens de deux ames ſi étroitement unies, on ſe quitte à regret, on ſe recherche, on ſe retrouve, on recommence avec une ardeur nouvelle, loin d’être affoibli, irrité par l’inaction.

Les plaiſirs de femme à femme ſont non-ſeulement vrais, mais encore purs & ſans mêlange. Indépendamment des maux phyſiques, précédant, accompagnant & ſuivant les plaiſirs de cette eſpece entre homme & femme, d’où l’on peut leur refuſer juſtement la qualification de vrais, il eſt des maux que j’appelle moraux, parce qu’ils affectent l’ame ſpécialement, qu’ils troublent & empoiſonnent ces jouiſſances. Je ne parle pas des combats continuels impoſés dans nos mœurs à une jeune fille, pour recéler, diſſimuler ſa paſſion ; pour repouſſer les careſſes d’un homme aimable, qu’elle provoqueroit, qu’elle aga-