Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/380

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férentes de froment cultivé ; 5 parmi les froments à grain nu, et 2 parmi ceux à balle adhérente ou épautres. Vers le même temps, Haller s’efforça de faire sentir la nécessité de débrouiller les variétés et de fixer, si l’on pouvait, leur nomenclature ; il en donna l’exemple en décrivant, une partie de celles cultivées alors en Suisse. Mais c’est en France qu’a été exécuté le premier travail important sur les variétés. Vers 1780, un des agronomes qui aient rendu les services les plus réels à notre économie rurale, M. Tessier, entreprit, sur tous les fromens français et étrangers qu’il put se procurer, une suite d’études dont il publia les résultats quelques années après. Ce travail, regardé à juste titre comme classique, a, pendant longtemps, servi de base à tous ceux du même genre, ou plutôt il a été reproduit textuellement ou par extrait dans la plupart de nos ouvrages agronomiques. À une époque plus récente, M. Seringe, aujourd’hui directeur du Jardin botanique de Lyon, fit paraître sur le même sujet des écrits très-estimés, et particulièrement sa Monographie des céréales de la Suisse. Enfin, très récemment, un de nos botanistes les plus distingués, M. Desvaux, s’est livré à de nouvelles recherches approfondies sur les espèces et les variétés de froment, et en a consigné les résultats dans un Mémoire imprimé parmi ceux de la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers[1]. Ce travail, à la fois botanique et économique, nous paraît, quoique nous n’en adoptions pas toutes les idées, devoir être désormais une des sources d’instruction les plus utiles sur cette matière. Beaucoup d’autres écrits sur les céréales ont été publiés par des botanistes et des agronomes étrangers. Il ne peut entrer dans notre plan d’en faire ici l’examen. Nous devons cependant mentionner d’une manière particulière celui de M. Metzger, intitulé Europaeische cerealien, qui, par son plan et son exécution, nous parait être le plus utile et le plus éminemment classique de ceux jusqu’ici publiés sur cette matière[2].

Tant de travaux entrepris dans l’Europe entière montrent assez quel intérêt on attache partout à la connaissance des variétés de céréales ; mais on ne peut, d’un autre côté, se dissimuler que les difficultés sont telles qu’elles vont quelquefois jusqu’à prendre le caractère d’objections. Il est certain, par exemple, que la disposition de beaucoup de variétés à changer et se modifier, rend leur désignation incertaine et, jusqu’à un certain point, illusoire. Il est également vrai que les divisions ou les groupes sous lesquels on les classe, ne sont pas suffisamment tranchés ; les nuances sont si nombreuses et les dégradations tellement liées entre elles, que l’on ne peut être absolument étonné de l’opinion émise par M. Desvaux, que, depuis l’engrain jusqu’au blé de Flandre ou au plus grand des poulards, tout ne formait originairement qu’une seule et même espèce, qui s’est, depuis, modifiée en cent manières.

Ces difficultés, toutefois, en montrant les imperfections inévitables d’un travail de ce genre, et la nécessité qu’il soit refait ou retouché de loin en loin, ne diminuent en rien son utilité. Dès-lors qu’entre des plantes analogues, et des plantes surtout d’une utilité telle que le froment, il y a différence de qualités un peu prononcée, il devient nécessaire aussi qu’il y ait distinction. Nous allons donc présenter la série, non pas de toutes, mais des principales variétés, en indiquant, autant que nous le pourrons, les différences et les qualités distinctives de chacune. Comme nous serons obligés d’employer quelques expressions botaniques, nous les expliquerons ici, en donnant une idée de la structure de l’épi et des parties qui le composent.

Un axe central (fig. 533) A, vu de face, et B de profil, de la nature de la paille, mais d’une consistance plus ferme, comme articulé, marqué de dents ou d’entailles saillantes et alternes des deux côtés opposés, sert de support commun ou de point d’attache aux parties de l’épi.

Celui-ci est composé de la réunion des épillets, insérés chacun sur une entaille de l’axe et qui se trouvent ainsi alternes et opposés. Quand on regarde l’épi de manière à ne voir que les épillets situés d’un même côté de l’axe, on le voit ce que nous appellerons de face. Si au contraire on le regarde de manière à apercevoir également les deux séries d’épillets, nous dirons qu’on le voit de profil.

L’épillet (fig. 534) est un petit groupe de 3 à 5 fleurs, dont une ou deux sont ordinairement stériles, et dont chacune des autres devient un grain. C’est ce que les cultivateurs, dans une partie a de la France, appellent maille ; on dit un blé qui porte 3 ou 4 grains à la maille, c’est-à-dire qui a 3 ou 4 grains par épillet. Sa base, à droite et à gauche, est partiellement embrassée par une enveloppe a 2 valves a a, faisant l’office du calice des autres fleurs, et que, dans les graminées, on appelle la glume.

Celle-ci porte sur son dos une nervure, ou plutôt un pli longitudinal plus ou moins prononcé, qui dans certaines espèces, représente assez bien la quille d’une carène, et dont l’extrémité, ordinairement échancrée, se termine en une pointe ou une dent plus ou moins alongée.

  1. Vol. Ier, 4 livraison, 1834.
  2. Heidelberg, 1824. In-folio avec figures lithographiées.