Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/520

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fourrages quelconques, le Brome des prés m’a donné des résultats plus satisfaisans qu’aucune autre espèce. Il s’y est établi vigoureusement, de manière à fournir une bonne pâture et même à devenir fauchable, mieux que le Fromental et le Dactyle. Il en a été de même sur des sables fort médiocres. On peut donc ranger cette plante au nombre de celles qui, par leur vigueur et leur rusticité, sont en état de réussir sur les plus mauvais terrains, et d’y offrir des ressources et des moyens d’amélioration que l’on n’obtiendrait pas d’espèces plus précieuses. Sa durée paraît être longue ; elle a été chez moi de 5 à 6 ans en très-mauvaises terres…..Un hectare emploie 90 à 100 livres de graines. » Vilmorin.

Le Brome des seigles (Bremius secalinus, Lin) (fig. 676), a la tige simple, haute parfois d’un mètre et plus, glabre ; — ses feuilles ont aussi la gaine glabre et le limbe à peine velu, — sa panicule est peu garnie ; — les 5 ou 8 fleurs de chaque épillet sont presque cylinques et à arête moins rude que dans le Brome des prés.

Cette espèce, moins rustique peut-être que la précédente, donne un fourrage vert aussi abondant ; mais en mûrissant elle devient encore plus dure. — Il est important de faire observer qu’elle est annuelle, et que, quoiqu’elle se ressème d’elle-même comme presque toutes ses congénères avec une facilité trop souvent désespérante pour le cultivateur, cette circonstance n’est pas ici ; à son avantage, à moins qu’on ne veuille la faire entrer dans un assolement où elle ne doit occuper le sol qu’une année. Autrement, il faudrait ou la ressemer annuellement, ou ne la faucher que beaucoup trop tard.

Le Brome doux (Bromus mollis, Lin.), qui ressemble beaucoup à celui du Seigle, en diffère cependant essentiellement par ses dimensions, en tout presque moitié moindres, par le duvet cotonneux et épais qui couvre les feuilles, les épillets et jusques aux nœuds de la tige. — C’est encore une espèce annuelle que l’on peut trouver parfois avantageux de mêler à quelque légumineuse de semblable durée, pour ajouter à la masse de fourrage vert ou coupage qu’on cherche à récolter sûr des sols légers et peu féconds. — On peut en dire autant du Brome des champs (Bromus arvensis, Lin.), qui a peut-être même l’avantage d’être un peu moins dur que la plupart des autres.

Le Brome stérile (Bromus sterilis, Lin.), peu connu en France comme fourrage, est considéré en Angleterre comme une des graminées les plus riches en matières nutritives. G. Sinclair et Davy le mettent sur la même ligne, sous ce rapport, lorsqu’il est fauché en fleur et non en grains, que les meilleurs pâturins, la Fétuque élevée, etc.

Dactyle (Dactylis). Genre nui diffère fort peu des Bromes par ses caractères et surtout ses usages comme fourrage. — La glume est à deux valves inégales, courbées en carène ; elle renferme de 3 à 8 fleurs ; les valves de la balle sont aussi courbées en carène ; l’une d’elles porte à son sommet une arête très-courte.

Le Dactyle pelotonné (Dactylis glomerata, Lin.) (fig. 677), vivace, s’élève de 2 pieds à 1 mètre ; ses feuilles, larges d’un centimètre environ, sont rudes au toucher ; sa panicule est composée d’épillets petits, nombreux, ramassés par pelotons et tournés presque tous du même côté de chaque pédicule.

Cette plante est, comme les Bromes, fort peu propre à la formation des prairies à faucher, parce que ses tiges durcissent outre mesure après la floraison ; mais, comme les Bromes aussi, soit qu’on la coupe en vert ou qu’on la réserve en pâturage, elle présente l’avantage réel de réussir sur les terrains les plus médiocres et les plus secs. — Le Dactyle gloméré est robuste, précoce ; de toutes les graminées, c’est une de celles qui repoussent et se maintiennent le mieux sur de mauvais sols.

Cynosure (Cynosurus). Genre qui diffère particulièrement de ceux qui le précèdent et le suivent, par la présence d’une braclée foliacée et découpée qui accompagne chaque épillet à sa base ; — glume bivalve contenant de 2 à 5 fleurs ; — les valves de la balle entières.

Cynosure ou Cretelle des prés (Cynosurus cristatus, Lin.) (fig. 678), vivace ; tiges de 15 à 18 po. (0m406 à 0m487), assez feuillées ; — Épillets sessiles, en forme de crête ou plutôt de peigne conique et à deux rangs de dents.

Cette plante a le mérite de croître dans les terrains secs, quoiqu’elle s’accommode mieux des autres. — En général, elle ne convient pas à la formation des prairies fauchables, parce qu’en se desséchant, ses épis à bractées rudes la rendent peu agréable aux bestiaux : mais elle est assez productive et fort du goût des moutons comme pâture.