Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/522

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— On peut, je crois, poser en fait que celle Ivraie ne convient en France, comme prairie à faucher, que dans les fonds bas et frais où elle dépasse ses dimensions ordinaires, et où elle donne un très-bon fourrage si elle est associée à d’autres gramens d’une végétation aussi rapide que la sienne ; car on doit la couper de bonne heure, sous peine de la voir sécher et durcir au point d’être rebutée même par les chevaux. — En des circonstances moins favorables, elle s’élève rarement assez pour donner un foin passable ; mais sur les terres argilo-sableuses qui ne se dessèchent pas trop rapidement, elle peut encore procurer des pâturages précieux, par suite de leur précocité ; de leur aptitude à s’épaissir et à se fortifier d’autant plus qu’ils sont broutés de plus près, et foulés davantage par le piétinement des troupeaux. — Cette plante est a juste titre considérée comme l’une de celles qui contiennent, sous un petit volume, le plus de substance nutritive ; aussi, lorsque, dans la vaste plaine de la Crau, les moutons soulèvent les cailloux pour y chercher les tiges grêles et déliées qui croissaient à leur ombrage, une très-petite quantité leur suffit, et les bergers ont coutume de dire que bouchée fait ventrée (bouccado vao ventrado). — Néanmoins, le ray-grass, dans les situations ou les terrains arides, est d’une faible ressource et peut presque toujours être remplacé avantageusement par quelque autre graminée. — Pour semer un pré, on emploie environ 50 kilog. par hectare.

En Angleterre, il n’est pas rare d’associer cette graminée à diverses légumineuses, et notamment au trèfle rouge ou blanc, pour former des prairies qui peuvent se conserver au-delà de 4 ans, et qui sont considérées comme d’un excellent produit.

L’Ivraie d’Italie (Lolium Italicum) (fig. 680) Fig. 680. , vivace, que divers auteurs considèrent comme une simple variété de la précédente, en diffère cependant, non seulement parce qu’elle ne talle ou ne gazonne pas autant, mais parce que ses tiges sont plus élevées, ses feuilles plus larges, d’un vert plus blond, et ses fleurs constamment barbues. — Comme le Lolium perenne, celui-ci est vivace ; cependant, d’après des observations précises, dues à M. de Dombasle, M. Vilmorin et plusieurs autres, il ne paraît pas qu’on puisse en obtenir des produits satisfaisans pendant plus de 2 ans, du moins comme prairie fauchable.

On a prétendu que cette plante cultivée depuis un certain temps, avec un succès fort remarquable dans le pays qui lui a donne son nom, par sa propriété de croitre dans les localités arides, devait être au sud ce que la précédente est au nord de l’Europe ; et il est de fait que je l’ai vue sur des sables où je doute que l’autre eût réussi pareillement. Toutefois, je ne pense pas qu’année commune on trouve grand avantage a la cultiver, sans le concours des irrigations, sur les terrains secs et médiocres pour lesquels on l’a si fort préconisée. — Dans les sols frais et substantiels, l’Ivraie d’Italie végète avec une vigueur des plus remarquables ; sa croissance est si rapide qu’on peut obtenir, même au centre de la France, la première année d’un semis différé jusqu’en mai, trois fortes coupes d’un excellent fourrage. On citerait peu d’exemples d’une pareille abondance sur d’autres graminées. — L’ensemencement d’un hectare exige de 40 à 50 kilogrammes de graines.

Elyme (Elymus). Chaque glume renferme de deux à quatre fleurs ; est à deux valves unilatérales ; — les épillets sont géminés ou ternés sur chaque dent de l’axe.

L’Elyme des Sables (Elymus arenarius, Lin.) (fig. 681), est dans toutes ses parties d’une couleur blanchâtre ; Fig. 681. ses feuilles sont nombreuses, longues ; — ses tiges, qui ne sont pas beaucoup plus hautes, se terminent par un long épi pubescent. Elle croit naturellement sur les dunes dont elle contribue puissamment à fixer les sables. — L’aptitude avec laquelle cette plante et quelques-unes de ses congénères supportent les sécheresses les plus continues, et peuvent prospérer dans les sols les moins substantiels, ont fait désirer de la voir essayer comme fourrage. À la vérité, les bestiaux refusent de la manger sèche, mais ses fanes vertes leur procurent une nourriture saine, et qui, d’après les expériences des chimistes, abonde en parties assimilables. Ces réflexions me semblent de nature à être méditées par les habitans des bords de la mer, et les propriétaires des terrains ensablés. Malheureusement, pour qui voudrait faire des essais sur la culture de cette élyme ou de toute autre, il faudrait trouver d’abord le moyen de s’en procurer des graines. Quelque petite qu’en fût la quantité, en peu de temps on pourrait, grâce aux racines traçantes de la plante, et à ses féconds épis, étendre l’expérience à une plus grande étendue de terrain.