Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/523

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Orge (Hordeum). (Voy. page 386).

Orge escourgeon (Voy. page 387), l’une des espèces d’hiver les plus hâtives et les plus productives en tiges et en feuilles, est aussi celle que l’on cultive le plus ordinairement comme fourrage, pour le donner en vert aux chevaux, aux jeunes poulains, surtout aux vaches laitières et à tous les animaux fatigués ou malades. Voici ce qu’en dit Olivier de Serres : « Avec le seul orge chevalin ou d’hiver, fait-on aussi de bon farrage. On sème cest orge quand et en semblable terre que l’autre farrage ; et de mèsme, le bestail le paist en campagne durant l’hiver. Si de ce l’on se veut abstenir, gardé jusques au printems, cest orge est fauché ou moissonné en herbe ; mais petit-à-petit pour de jour à autre le faire manger aux chevaux, dont profitablement ils se purgent, de là prenans le commencement de leur graisse. Tout autre bestail gros et menu s’en porte aussi très bien, si on le paist modérément de ceste herbe : car, de leur en donner à discrétion seraient en danger de s’en trouver mal, par trop de reptection, tant abondante est elle en substance. Couppé à la fois, cest orge eu herbe, séché et serré au grenier comme autre foin, est aussi bonne viande pour tout bestail en hiver, et, avenant que la coupe en soit tost faicte, comme sur la fin d’avril ou commencement de may, le reject de ses racines conservé, produira gaillardement nouvelle herbe et grain avecque, le tems n’estant extraordinairement chaud. »

La grosse Orge nue (Voy. page 388) est aussi cultivée fréquemment comme fourrage. Elle se sème au printemps ; ses produits sont regardés par la plupart des nourrisseurs de Paris comme préférables à tous autres pour rafraîchir les vaches ou les ânesses laitières, renouveler leur lait et augmenter à la fois sa qualité et sa quantité.

L’Orge noire (Voy. page 387), par suite de la propriété singulière qu’on lui a reconnue de ne pas monter, si on attend, pour la semer, le mois de mai ou seulement la fin d’avril, paraîtrait très-propre à remplir la double destination de plante fourragère et à grain. Il est probable qu’on pourrait la faucher plusieurs fois la première année, sans nul inconvénient pour l’année suivante. — Elle occuperait ainsi deux ans de l’assolement et donnerait double produit sans exiger double culture.

L’Orge des prés (Hordeum secalinum, Schreb.), Orge faux seigle, etc, est une des espèces sauvages que l’on rencontre le plus souvent dans les prairies basses ; — ses tiges sont grêles, ses feuilles assez rares ; — ses épis diffèrent de ceux de l’Orge queue de souris ou de murailles, parce qu’ils sont plus courts et garnis de barbes moins longues et beaucoup plus fines. (Voy. fig. 682.)

Fauchée de bonne heure, cette espèce produit un foin fin et de fort bonne qualité. Si on la laissait approcher de la maturité, ses barbes acquerraient une rudesse désagréable aux bestiaux, et ses feuilles radicales jauniraient promptement. En résumé, comme fourrage annuel fauché ou pâturé, elle est loin de valoir celles de ses congénères que je viens de citer. Tout au plus peut-elle une première années, mélangée en petite quantité à d’autres fourrages plus durables qu’elle, augmenter leurs produits sans nuire à leur succès futur, puisqu’elle laisse le terrain entièrement libre dès la seconde année. Pour cela il est clair qu’il faut qu’elle soit coupée avant la formation de ses graines.

Maïs (Zeamaïs) (Voy. pag. 396 et suivantes. — Plante monoïque à fleurs mâles rameuses et terminales, dont chaque glume est biflore. — Les fleurs femelles sont serrées en épis axillaires cachés sous des spathes et dont les styles sortent en houppes soyeuses ; — leur glume est uniflore. — La tige est haute de 1 à 2 mètres, selon les variétés ; — les feuilles longues, succulentes et larges.

Non seulement dans beaucoup de lieux le maïs en grains fait une partie essentielle de la nourriture des hommes et des animaux de travail et d’engrais, mais ses fanes vertes et ses feuilles même desséchées produisent un fourrage dont on ne connait pas assez généralement l’importance. — Quand on commence à le couper avant la sortie des fleurs mâles, aucune plante des prairies n’est autant du goût des bestiaux et ne les nourrit mieux à dose égale. Aussi évite-t-on de leur en donner à discrétion dans la crainte d’accidens assez graves qui se renouvelleraient d’autant plus fréquemment qu’on ne prendrait pas la précaution de le laisser se faner, après l’avoir coupé, pendant assez de temps pour lui enlever par l’évaporation une partie de ses sucs aqueux.

L’usage modéré du maïs vert est également profitable à tous les herbivores ; il les rafraîchit, les maintient frais et luisans au milieu des chaleurs de l’été. Les bœufs et les vaches en sont particulièrement avides ; il augmente la quantité du lait de ces dernières et lui donne un goût exquis.

Dans le midi, quelques cultivateurs font macérer les feuilles sèches de maïs en versant dessus de l’eau bouillante tantôt pure, tantôt légèrement salée, ce qui ajoute beaucoup à la qualité du fourrage. — Après la récolte des grains, les tiges écrasées, hachées et humectées sont encore du goût des bestiaux ; et, si l’on ajoute foi aux analyses curieuses de Sprengel, elles contiennent en cet état 74 pour cent de parties nutritives, c’est-à-dire presque autant que les tiges sèches du millet et beaucoup plus que la paille de froment.