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AGRICULTURE : DES PLANTES FOURRAGERES.

Le Plantain lancéolé (Plantago lanceolata. Lin.), famille des plantaginées, a été recommandé en Angleterre par Anderson, en France par Gilbert, et plus récemment en Allemagne par Sprengel. C’est une plante dont les moutons sont avides, et qui serait beaucoup plus propre à être pâturée que fauchée, car au fanage elle se réduit presque à rien. Aussi l’exclut-on soigneusement des prairies. Dans les pâturages il en doit être tout différemment. Là, elle dure fort longtemps et produit un pacage à la fois plus nutritif et plus abondant que les graminées. Le plantain lancéolé est peu difficile sur le choix du terrain.

L’Epervière Piloselle (Hieracium pilosella, Lin.), famille des semi-flosculeuses, décriée comme dangereuse pour les moutons par quelques auteurs, est, au contraire, considérée par Sprengell comme une des plantes les plus propres à changer les sables les plus stériles en pâturages, excellens pour ces animaux. Ses feuilles et ses tiges, dit-il, ne souffrent nullement des gelées, de sorte que celles qui n’ont pas été mangées en automne procurent aux troupeaux, dès qu’ils commencent à pâturer au printemps, une nourriture fraîche qui vient alors très à propos. — La végétation de cette plante commence au mois de mars, et dure tout l’été, même pendant les plus fortes chaleurs. Le pâturage des bestiaux ne lui est nullement nuisible. — On pourrait la semer avec une céréale d’automne.

La Laitue (Lactuca sativa, Lin.), même famille. — « Dans les exploitations rurales où l’on élève beaucoup de cochons, il est d’un grand avantage de semer en diverses fois, en mars, avril et mai, quelques ares de laitues que ces animaux aiment excessivement, et qui contribuent beaucoup à les entretenir en bonne santé pendant l’été ; — un sol très-riche, meuble, fortement amendé et situé près des bâtimens de l’exploitation, est ce qui convient pour cela ; on sèmera, soit à la volée, à raison d’une livre et demie de graines pour 10 ares, soit en lignes à 12 ou 15 pouces de distance, à raison d’une livre seulement pour la même étendue. Dans tous les cas, on enterrera fort peu la semence. — On sarclera et binera soigneusement ; car, sans ces soins, la laitue profite peu. » Calendrier du Cultivateur, 3e édition.

Fig. 699.

La Chicorée (Cichorium intybus, Lin.) (fig. 699), de la même famille, produit, dans des terres de qualités fort différentes, un fourrage précoce, abondant, qui peut être pâturé sur place ou fauché successivement pour être porté à l’étable. — Elle dure 3 ou 4 ans et résiste fort bien à la sécheresse. — On la sème au printemps ou en automne, seule ou avec de l’orge, de l’avoine, du froment ou du trèfle rouge.

Depuis un certain nombre d’années, la culture de la chicorée a pris une certaine extension sur plusieurs points de la France. Dans le nord on en cultive une variété dont on utilise les racines comme succédanées du café. Ces mêmes racines qui se conservent dans le sol, sans craindre les effets de la gelée pendant tout l’hiver, sont, dit-on, une assez bonne nourriture pour les porcs. Cette variété est, du reste, aussi fourrageuse que l’autre.

La Centaurée noire (Centaurea nigra, Lin.), Jacée des prés, etc., famille des flosculeuses, est une plante des sols arides et élevés ; elle fournit un bon pacage aux moutons, et elle ne gâte nullement la qualité des autres foins. Les prairies dans lesquelles elle se trouve en certaine quantité sont fort estimées aux environs de Cléry dans l’Orléanais et ailleurs. J’ai souvent eu occasion de remarquer la facilité avec laquelle elle repousse après avoir été fauchée ou pâturée pendant la saison des plus fortes sécheresses, et cela, sur des terrains de toutes sortes et de très-médiocres qualités. — On pourrait l’essayer seule, à raison de 8 à 10 kilogrammes.

La Petite-Marguerite (Bellis perennis, Lin.), famille des radiées, possède plusieurs qualités qui, indépendamment de sa propriété très-nutritive, la rendent aussi précieuse dans les pâturages qu’inutile dans les prairies. Sa végétation est précoce et de longue durée, car depuis mars elle ne cesse de croitre jusqu’en décembre ; — elle repousse rapidement sous la dent des animaux ; — elle est de longue durée et forme un gazon court, mais épais, excellent pour les moutons, et qui a la propriété de ne redouter nullement le parcours des oies.

La Millefeuille (Achillea millefollium, Lin.), même famille, n’est ni très-fourrageuse, ni très-nourrissante, mais elle a le mérite de croitre sur les terres peu profondes, et de résister à des sécheresses opiniâtres. Semée avec quelques légumineuses rustiques, elle offrirait sans doute une précieuse ressource en été, pour les moutons qui l’aiment beaucoup. Il est bon d’ajouter que dans plusieurs contrées d’Allemagne on arrache ses racines au printemps, pour les donner aux vaches dont elle améliore, dit-on, beaucoup le lait.

Le Grand et le Petit Boucages (Pimpinellœ saxifraga et magna), famille des ombellifères, ont été étudiés chimiquement et recommandés par Sprengel à l’attention des cultivateurs. Le premier, qui a des feuilles très-fines, peu aqueuses et un peu dures, convient parfaitement aux moutons ; il peut être brouté continuellement sans en souffrir ; il se contente d’un sol maigre, pierreux, sablonneux et très-peu profond ; il dure longtemps et conserve sa verdure toute l’année. — Quant au grand boucage, toujours d’après le même auteur, il est fort bon pour le bétail à cornes Cette plante, atteignant dans un terrain convenable une hauteur de 3 à 4 pieds, est plutôt propre à être fauchée qu’à être pâturée. Ce qui la rend surtout précieuse, c’est qu’elle a une végétation très-précoce, qu’elle est bien