Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/566

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berisa, Lin.), les Alouettes (Alauda), vivent bien un peu aux dépens de nos récoltes, mais elles consomment une bien plus grande quantité de fourmis si funestes aux champs et aux jardins, et de graines des plantes agrestes qui, sans les oiseaux, couvriraient bientôt le sol de leurs produits inutiles ou nuisibles. Ces oiseaux nous rendent donc des services, et, dans notre pays où la chasse est libre, ce moyen suffit grandement pour en limiter la reproduction.

Il n’en est pas de même des Pigeons (Columba), qui vivent en très-grande partie aux dépens du cultivateur. Mais les Pigeons ramiers (Columba palumbus, Lin.) sont peu nombreux, et les Pigeons de nos colombiers (Columba Livia, Lin.) sont des oiseaux domestiques dont la multiplication peut convenir dans la basse-cour, devant toutefois être limitée dans de justes proportions par le cultivateur et réglée par la loi dans l’intérêt général. Pour éviter leurs déprédations dans les champs récemment ensemencés, on doit y poster des enfans ou des chiens comme gardiens, et n’ensemencer que la portion de terre qu’on peut presque immédiatement recouvrir.

Le Corbeau commun (Corvus corax, Lin.), le Corbeau corbine (C. corrone, Lin.), le Freux, la Corneille (C. cornix, Lin.), vivent de tout, même des petits animaux vivans, des charognes, insectes, graines, etc., etc. ; mais ils paraissent préférer les vers de terre, les larves de hannetons (vers-blancs), les mulots, les crapauds, tous les animaux nuisibles à l’agriculture ; ce sont eux qui suivent souvent le laboureur pour profiter de ce qu’il met à découvert. C’est dans les terres ensemencées qu’ils causent des dégâts, soit en fouillant le sol meuble, soit en déterrant les graines de pois, de haricots, de vesces, et même le blé. Il en est de même des Pies (Pica) et des Geais (Corvus glandarius, Lin.), qui mangent cependant davantage les fruits des vergers.

Les Grives (Turdus musicus, Lin.), les Etourneaux (Sturnus vulgaris, Lin.), ne sont guère nuisibles qu’au jardinier et au vigneron, par la grande consommation de fruits rouges et de raisins qu’ils font ; car, en général, ils vivent d’insectes et rendent ainsi à l’agriculture un grand service. Les etourneaux suivent même les troupeaux pour les délivrer des taons, des asiles, des stomoxes, des mouches et autres insectes qui les tourmentent.

Les Pics et notamment le Pivert ou Pic-Vert (Picus viridis), creusent des trous profonds dans les troncs des arbres pour y faire leurs nids ; ils causent ainsi un tort assez grand aux forestiers ; mais, en compensation, combien ils détruisent d’insectes qu’ils vont chercher jusque sous les écorces les plus dures ! Et les fourmis, combien ils en avalent en leur tendant pour appât leur longue langue rétractile et gluante qu’elles prennent pour un ver et à laquelle elles viennent s’attacher !

Les Gros-Becs (Loxia coccothraustes, Gm.), et les Bouvreuils (Pyrrhula vulgaris, Briss.), sont généralement nuisibles, et les cultivateurs peuvent leur faire la chasse, parce que, pendant l’hiver et surtout au printemps, ils vivent de boutons et font ainsi quelquefois beaucoup de tort aux arbres fruitiers ; ils sont au reste assez rares. Il n’en est pas ainsi des Pinsons (Fringilla cœlebs, Lin.), des Chardonnerets (F. carduelis, Lin.), des Linotes (F. cannabina), des Verdiers (F. chloris, Gm.), etc. qui vivent bien principalement de graines, mais recherchent surtout celles peu volumineuses des plantes sauvages.

Le Moineau (Fringilla domestica), le plus commun de tous nos oiseaux, semble frappé de réprobation. On regarde comme certain qu’il mange annuellement plus d’un demi boisseau de blé ; mais, en compensation, Richard Bradley a calculé qu’il détruit dans une semaine 3,360 bruches ou autres insectes. On peut donc considérer comme douteux s’il est plus nuisible qu’utile. Néanmoins, comme sa hardiesse est extrême et qu’il vient piller nos produits avant la récolte, dans les granges, les greniers, les cours et jusque dans les habitations ; comme sa multiplication est très-rapide, il semble convenable de laisser à son égard aux chats et aux enfans toute latitude de destruction. Ce moyen suffit le plus souvent, mais il en existe un grand nombre d’autres plus prompts et plus efficaces encore. Ainsi, comme les moineaux se couchent ordinairement dans les haies, un homme se place, lorsque la nuit est close, à une des extrémités de cette haie, tenant étendu un Rafle ou filet contremaillé, composé (le trois rets les uns sur les autres, de 6 pieds de large, attaché à 2 bâtons ; un autre homme se place derrière avec une lumière, et un 3e va attaquer la haie à l’extrémité opposée et revient doucement retrouver les autres en frappant légèrement la haie avec un bâton ; les moineaux effrayés se sauvent du côté de la lumière et s’embarrassent dans le filet où on les prend ; cette chasse, surtout à certaines époques, est extrêmement destructive. — On peut aussi disposer un grenier de manière qu’il n’y ait que deux fenêtres, dont l’une est garnie d’un filet contremaillé fixé à demeure, et l’autre de volets croisés qu’on puisse fermer à volonté de la cour ou de l’intérieur, ; à l’aide d’une poulie de renvoi et d’une corde ; on attire les moineaux dans ce grenier par de mauvaises graines, et lorsqu’ils y sont entrés en foule, on ferme la fenêtre a volets ; tous les moineaux se jettent aussitôt vers celle fermée du filet et s’y prennent. — Les pots, que dans beaucoup de lieux on présente aux moineaux pour faire leur nids, permettent la destruction d’un grand nombre ; on peut disposer ces pots sur les branches d’un arbre sec, ou le long des murailles. — Du reste, les fantômes et divers épouvantails sont d’une faible défense contre les moineaux, qui s’y accoutument et les bravent très promptement. Plusieurs enfans ne suffisent pas toujours pour les empêcher de marauder dans les chènevières et autres récoltes dont ils sont très-avides. Les moineaux attaquent moins les seigles et les fromens barbus que les autres espèces.

Quant aux oiseaux entièrement insectivores tel que le Martinet (Hirundo apus, Gm.), l’Hirondelle (Hirundo rustica, Lin.), les Fauvettes, Pouillots, etc. (Sylvia hortensis et orphea, S. Ptotonotarius, Lin.), les Roitelets