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chap. 19e.
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INSECTES NUISIBLES EN AGRICULTURE.

ces débris de végétaux ou de matières en décomposition, ils nuisent au développement des plantes qu’on y sème ; tels sont encore les Escarbots (Hister unicolor) (fig. 731) et les Bostriches (Bostriche capucin) (fig. 732).

Dès l’état cotylédonaire, la plupart des légumes de nos jardins sont dévorés par les Altises, qu’on appelle Puces, parce qu’à l’aide de leurs grosses et longues cuisses, elles sautent. (Telles sont les Chrysomelæ saltatoriæ de Lin.). Le dommage est d’autant plus grand que les cotylédons, en périssant si tendres sous la morsure de ces petits insectes, laissent mourir la plante qu’ils étaient destinés pour ainsi dire à allaiter dans son enfance.

Les plants d’asperges sont non seulement désolés par le Criocerus asparagi, d’un rouge ponceau, et rendant un petit cri lorsqu’on le saisit, mais encore par le C. duodecim punctatus.

Parmi les Altica, si funestes aux plantes potagères, la plus nuisible de ces puces de jardin est la Chrysomela oleracea, d’Olivier. Les plantes semi-flosculeuses sont également désolées par la Chrysomela sericea (rangée sous le genre Cryptocephalus), et les artichauts éprouvent les plus grands dommages de la Cassida viridis, L. (Casside verte) (fig. 733). Les plantes liliacées et les oignons reçoivent de graves atteintes de la Chrysomela merdigera et d’autres Crioceris de Geoff. (Lema de Fab.) Des Donacies, ou Lepturus, ont des larves qui s’enfoncent jusque sous les eaux pour ronger les racines de la berle (Sium latifolium). La même plante nourrit une espèce de Charançonite, le Lixus paraplecticus, Fabr. (Curculio, L.), auquel on attribue la cause de la paraplégie des chevaux qui l’avalent. Ce même insecte habite aussi sur le Phellandrium aquaticum, autre ombellifère, mais vénéneuse par elle-même.

D’autres Chrysomélides, les Chr. helxines et nemorum (Chrysomèle sanguinolente) (fig. 734), n’épargnent pas non plus les herbes des jardins, comme celles des prairies ; elles s’attaquent surtout aux jeunes feuilles les plus tendres, au lieu que les Curculionides recherchent les tiges et les sommités. On trouve les laitues et autres syngenèses attaquées spécialement par les Chrysomèles.

Les plantes de la famille des crucifères, comme choux, raves, etc., sont moins ravagées par des coléoptères (excepté le Psylliodes napi, les Thrips, les Cistèles (Cistèle sulfureuse) (fig. 735), le Curculio alliariæ, que par des lépidoptères particuliers à ces végétaux, et dont les chenilles montrent une prédilection dans leur goût pour cette classe de saveur spéciale. En effet, les papillons dits Brassicaires (Papil. raparia et naparia, brassicaria) ; plusieurs Phalènes (Phal. oleracea, Phal. caja, la Noctua gamma, funeste aux potagers, etc.), à l’état de larves, rongent nuit et jour leurs feuilles ; d’autres espèces, les Phal. brumata, urticata, cæruleo-cephala, etc., partagent leur choix sur d’autres herbes de nos jardinages ou sont moins exclusives. Le houblon est rongé par une Pyrale et par l’Hepiala humularia (Hépiale du houblon) (fig. 736) ; le cerfeuil, par la Phalæna umbettaria, la capucine par des Brassicaires, l’œillet par une Chenille arpenteuse, les pois par la Phalæna exsoleta, les laitues par la Phal. togata, le trèfle par la Phal. antennulata, etc. On connaît peu de moyens de se garantir contre ces ennemis, si ce n’est un échenillage assidu et le secours de quelques oiseaux insectivores ; car toutes les lotions et liqueurs fétides préconisées contre ces insectes nuisent également aux plantes potagères.

Il est, parmi les hémiptères, plusieurs races de Punaises terrestres ou Géocorises pentatomes, qui fréquentent les végétaux crucifères ; telles sont les Cimex oleraceus et ornatus des choux. Une autre grosse espèce, le Lygæus ou Cimex apterus (Lygée aptère) (fig. 737), infecte également les jardins.

Les diptères offrent des espèces très-malfaisantes pour nos potagers ; ce sont les grandes Tipulaires terricoles, dont les larves s’enfonçant sous le terreau, le tan, les engrais, pénètrent jusqu’aux racines des plantes, et causent des dommages d’autant plus grands qu’on ne les aperçoit pas d’abord pour y remédier. Ainsi la Tipula oleracea, commune également dans les prairies, et la ruffa des asperges, ravagent les légumes de toute sorte. La Tipula hortulana abonde au printemps. On connaît les Bibions précoces (Bibio, Geoffr. ou Hirtea, Fabr.), dites mouches de Saint-Marc et de Saint-Jean : le mâle est noir, la femelle présente un thorax rouge. On regarde sa larve et celle de la Thereva (Bibio plebeia, Fabr.), avec celle du Nemotelus hirtus, comme pernicieuses aux bourgeons des plantes qui en périssent. D’autres tipules passent l’hiver dans nos maisons (les Trichocera de Meigen) ou se cachent sous de vieux champignons (les Mycetobia, Boletophila) ; enfin, un autre genre de diptères ou mouches, l’Eristhalis narcissi, Fabr. (Merodon de Meigen), à l’état de larve, se niche dans