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ment de l’hiver que l’on peut réformer les bœufs de trait ; ce n’est non plus que vers cette saison que l’on aime à se débarrasser des vaches de peu de valeur. Comme ce cas a lieu chez beaucoup de cultivateurs en même temps, il arrive que le bétail d’engrais baisse subitement de prix à une certaine époque de l’année, comme, par exemple, au commencement et vers le milieu de l’hiver ; tandis que dans un autre moment son prix augmente, parce que peu de cultivateurs se trouvent alors dans la position favorable et avec les fourrages nécessaires pour engraisser. Là où l’engraissement est fait avec le résidu de certaines fabrications, on se règle nécessairement sur l’époque où celles-ci sont en pleine activité ; il en est qui peuvent aller toute l’année, et qui permettent alors de se livrer à l’engraissement à toutes les époques ; telles sont les distilleries de grains et de pommes de terre.

J. Reugnot.


Chapitre VIII. — Des principales races de chevaux, et de leur élève.

Des notions d’anatomie et de physiologie ont été exposées dans un des articles précédents, elles ont dû servir à donner une idée des parties les plus importantes à connaître dans l’organisation des quadrupèdes domestiques. L’étude de l’anatomie a précédé celle des formes extérieures. Il ne pouvait guère en être autrement ; l’étude de l’extérieur d’un animal ne peut produire tout le résultat désirable quand elle ne s’appuie pas sur la connaissance des parties que recouvre la peau. On n’arrive autrement qu’à des données empiriques, dont il devient impossible d’expliquer la raison.

Nous allons examiner les influences sous l’action desquelles se modifie l’organisation et se forment les races. Nous avons à déterminer à quels principaux types se rattachent les races nombreuses que l’on a reconnues dans les animaux domestiques, comment se sont établies ces races, comment elles se modifient, et quels sont les moyens de les améliorer.

Ces questions seront d’abord discutées pour l’espèce du cheval ; elles donneront occasion de voir si, malgré les plaintes souvent adressées aux cultivateurs français, malgré la critique qui s’attache à la plupart de leurs opérations, l’élève du cheval n’est pas conduite avec autant d’intelligence que d’économie dans beaucoup d’exploitations rurales.

[8.1]

Section Ire. — Types à reconnaître dans les différentes sortes de chevaux.

Les races consistent dans des modifications profondes, qui s’établissant à la longue, sous l’influence des mêmes causes, dans l’organisation des animaux domestiques, se transmettent par hérédité. Le climat paraît, aux yeux de beaucoup de personnes, la principale sinon l’unique cause de la formation des races d’animaux. Les influences atmosphériques agissent sur les qualités des plantes employées à la nourriture des animaux, et cette action s’exerce sans interruption par l’air qu’ils respirent et qui les baigne. Il était tout naturel de voir dans le climat une des causes les plus essentielles des modifications de l’économie ; en effet cela est vrai pour les animaux domestiques auxquels l’homme laisse beaucoup de liberté ; et c’est une vérité qui devient frappante lorsqu’on examine les mêmes animaux dans des climats très-différents. Il n’en a plus été de même à mesure que la domesticité des animaux a été plus avancée. Pour ceux qui sont tout-à-fait domestiques, et c’est l’état auquel ils tendent à arriver pour la plupart, la nature de la terre sur laquelle nous les élevons a une grande part d’influence ; mais la première de toutes, sans contredit, existe dans la volonté de l’homme, l’avantage qu’il peut avoir à créer certaines races, et le perfectionnement de l’agriculture qui permet à la volonté de s’exercer.

La quantité plus ou moins grande des fourrages artificiels, leurs qualités diverses, les soins que reçoivent les animaux, le choix de ceux qui sont employés à la reproduction ont alors la plus grande part dans la formation des races. Des pays naturellement peu fertiles, mais bien cultivés, peuvent en produire de fort belles. On peut comparer des localités analogues par leur sol, mais cultivées différemment, beaucoup de parties de notre triste Sologne, et non loin d’Anvers, beaucoup de parties de la Campine ; on se convaincra dans cette dernière localité des effets que peuvent produire des soins et des dépenses bien calculés sur des sols naturellement stériles et sur les races d’animaux que nourrissent ces terrains. On peut encore, tout-à-fait dans le même endroit, facilement distinguer la race de chevaux qu’entretient l’homme riche et intelligent de celle qui appartient au cultivateur pauvre ; et dans les contrées encore soumises au joug féodal, reconnaître la race de chevaux à l’usage des nobles, de la race qui sert aux malheureux serfs.

Mais si, comme nous cherchons à le prouver, il dépend de la volonté de l’homme de former, dans des limites qui ne laissent pas que d’être étendues les diverses races de chevaux que le commerce demande, il faudra bien admettre qu’elles doivent être plus nombreuses et plus changeantes que si elles dépendaient surtout de la nature du climat. C’est ce que l’on voit en France, au moins autant que partout ailleurs, et ce qui embarrasse singulièrement ceux qui ont à les faire connaître.

Les usages différents auxquels nous employons les chevaux nous ont portés à créer des races pour chacun de ces usages. La mode est venue ensuite les diversifier ; elle a demandé tantôt des chevaux à tête bus-