Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/124

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le démontrer, si c’était ici le lieu. Au reste, l’Espagnol a moins de préjugés, moins de superstitions que les autres peuples qui se moquent de lui sans savoir s’examiner eux-mêmes. Vous connaissez, j’espère, de fort honnêtes gens, et fort au-dessus du peuple, qui croient de la meilleure foi du monde aux amulettes, aux apparitions, aux remèdes sympathiques, aux devins et aux devineresses, aux songes, à la théurgie, à la communication des esprits, etc., etc., etc. ; qui sortiront brusquement de table, si, par le comble du malheur, ils s’y trouvent assis avec douze convives ; qui changeront de couleur, si un laquais sacrilège s’avise de renverser une salière ; qui perdraient plutôt un héritage que de se mettre en route tel ou tel jour de la semaine, etc., etc., etc. Eh bien ! monsieur le comte, allez en Espagne, vous serez étonné de n’y rencontrer aucune de ces humiliantes superstitions [1]

  1. Je n’ai jamais voyagé en Espagne, mais je suis ass-