Page:Maistre - Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole, 1846.djvu/156

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Une autre preuve de l’indifférence anglaise, en matière de religion, se tire de l’indifférence des tribunaux anglais pour tous les attentats commis contre la foi présumée du pays. Quelquefois ils ont paru ouvrir les yeux et faire justice. On vit anciennement Wallaston condamné à une amende qu’il ne pouvait payer, c’est-à-dire, à une prison perpétuelle, pour ses discours sur Jésus-Christ. Nous avons vu, il n’y a que deux ans, un M. Eason, attaché au pilori, pour avoir tenté de renverser la religion du pays [1]. Mais qu’on ne s’y trompe pas ; ces hommes et quelques autres, peut-être, dont j’ignore le sort, étaient infailliblement ce qu’on appelle, en

  1. Voyez le Morning-Chronicle, du 5 juin 1812, n° 13, 441. On y lit une lettre dont l’auteur, qui blâme la sévérité des juges, et qui signe un vrai Chrétien, prouve au moins qu’il n’est pas un vrai logicien, puisqu’il termine par cet inconcevable paradoxe : Une religion peut bien être détruite, mais jamais soutenue par la persécution. Comme s’il était possible de détruire un système ennemi sans soutenir la religion attaquée.