Page:Maizeroy – L’Amour qui saigne, 1882.djvu/173

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grelottante de rosée. Elle avait été abandonnée là par des rétameurs ambulants, des crève-la-faim qui traînaient leur guimbarde sur les grand’routes. Les gens s’accoutumèrent à l’appeler : l’Abandounado. Elle grandit au petit bonheur, mal nourrie, vêtue de loques, farouche aux uns et aux autres, même à ceux qui lui faisaient l’aumône. Elle était comme idiote, et jolie avec cela, jolie comme une fleur sauvage des bois. Et l’on eût dit, à voir ses prunelles vagues, sa face sereine, qu’elle rêvait toujours de mystérieuses choses.

La nuit, elle couchait dans une grange d’auberge, sur le foin. Et aux premières claironnées des coqs se répondant dans les basses-cours, avant que les étoiles fussent éteintes