dans un imprimé, que tous se furent gavés du bassin intérieur et des quatre corridors autour d’un jardin morne, identiques comme un seul devant quatre miroirs, Augustin se retira doucement, assommé, lourd d’il ne savait quel poids écrasant. Gonflé d’émotions et de souvenirs, comblé d’une gratitude envers les siens déchirante et irrassasiée, en proie à un douloureux, insupportable bonheur, il tremblait de vertige comme s’il sentait sous ses pieds les aiguilles extrêmes d’une immense ascension alpestre. Il avait besoin d’appuyer sa tête et n’en pouvait plus.
Il s’en fut, étouffant ses pas, dans le parloir qu’on trouvait à l’angle gauche du vestibule, entre la porte d’entrée et l’escalier du Directeur. Il enfouit son visage au milieu des grands rideaux administratifs, et sanglota dans leur poussière.
La rue, quand il sortit, restait identiquement provinciale. Les grands événements n’y changeaient rien. Un marchand criait : « Tonneaux, tonneaux. » Trois gros attelages aux queues nouées entraient au trot dans la vieille cour des omnibus. Tout cela demeurait étonnamment tranquille. Ni ce calme, ni sa pauvre joie lourde à porter, ni rien de tous ces événements ne lui semblait frapper la note juste. Rien ne présentait la vraie face des choses, qui était qu’il venait simplement de s’élever de quelques marches pour mieux voir le seul paysage qui comptât : celui des intérêts éternels.
Restaient des dépêches à envoyer, le Proviseur à remercier et les autorités du lycée. Le bureau de poste était tout voisin, au coin des rues d’Ulm et Gay-Lussac. Un vieux dos familier, d’où pendaient les plis d’une jaquette, se hâtait vers leur carrefour. Augustin se jeta vers lui et le bon Poiret, virant au bruit, tourna son regard de père nourricier vers ce galop qui s’approchait pour le remerciement et pour l’adieu.
Sur le pupitre du bureau de poste, il souhaita d’écrire : « Cacique. Gratitude. Immense tendresse. » Puis quelque chose lui dit que ce n’était pas cela que l’employé de la rue