Page:Malato - La Grande Grève.djvu/268

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conspection pour ne pas se faire remarquer, mais à la fin il arriverait.

Si Geneviève et Panuel, en butte aux calomnies perfides et lâches, avaient quitté Mersey, c’était vraisemblablement pour se mettre hors de portée des malveillants. Ils devaient donc habiter maintenant à bonne distance de la petite ville, sans doute plus près de Gênac que de Mersey.

Détras résolut de suivre d’abord la route de Mersey à Gênac en explorant les communes et les hameaux situés à l’ouest de cette route, puis de revenir de Gênac à Mersey, en opérant les mêmes recherches à l’est.

Rapidement, il franchit le bois de Varne, longea celui de Faillan et, après avoir traversé quelques hameaux isolés, se dirigea sur Véran.

Le village n’avait guère changé d’aspect depuis le jour où Céleste s’était enfuie de la ferme de Pierre Mayré ; mais, à côté de ce bâtiment, s’élevait maintenant un petit cabaret, un bouchon aux murs lie de vin et aux volets verts.

Au-dessus de la porte s’étalait une enseigne portant en lettres blanches :

Vins et liqueur. On serre à mangé.

Cette invitation, rédigée par un peintre partisan de la réforme de l’orthographe, fit réfléchir Détras. Il était près de midi ; peut-être, en se reposant et cassant une croûte, pourrait-il se renseigner sur le sujet qui le tenait tant à cœur.

Il entra. Une femme hommasse, paraissant à peu près la quarantaine, si tant est qu’on eût pu mettre un âge sur sa figure criblée de taches de rousseur et entourée de cheveux ébouriffés, se leva du comptoir où elle tricotait et vint à lui.

— Qu’est-ce qu’il faut vous servir ? demanda-t-elle.

C’était la Martine qui, maintenant, ne portait plus son nom.