Page:Malato - La Grande Grève.djvu/276

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nisés avec la petite bourgeoisie radicale, comme le seul moyen de lutter contre la tyrannie capitaliste et de préparer l’éclosion d’une société meilleure.

Quel effet allaient produire ces paroles à Mersey où jamais encore n’avait eu lieu de réunion publique, toutes les idées sociales y ayant, depuis dix années, couvé sous la cendre dans le syndicat des mineurs ou l’esprit de quelques-uns ? Des Gourdes, maître de toutes les autorités locales, n’allait-il pas faire interdire la réunion ?

D’après les renseignements de Brossel, il n’était question de rien de pareil à Mersey. Le maire Bobignon et le commissaire de police Pidurier avaient reçu l’avis de réunion, signé par Bernard et Brossel lui-même, sans donner signe de vie.

Pourtant il était impossible que le baron, dont le maire et le commissaire étaient les créatures, se désintéressât de pareil événement.

Préparait-il un piège, un guet-apens facilement exécutable avec la police de Moschin ? C’était chose possible, présumable même, car il ne pouvait sans perdre son prestige d’autocrate, laisser l’ennemi radical-socialiste venir impunément l’attaquer dans son fief même.

Pas un instant, Paryn ne s’était dissimulé les périls de semblable entreprise, car, à Mersey, la police comme toutes les autorités locales étaient à la dévotion du baron des Gourdes et vraisemblablement les mineurs, maintenus par la crainte de perdre leur pain, n’oseraient défendre les orateurs. Ce serait même beaucoup, si, mêlés au reste de la population, ils se hasardaient à venir à la réunion.

Néanmoins, le sort en était jeté : le docteur avait donné sa parole. Quels que fussent les dangers, quel que fût l’imprévu, il irait.

Comme il écrivait, prenait des notes, Brigitte apporta le courrier. Elle voulut profiter de l’occasion