Page:Malato - La Grande Grève.djvu/304

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avoir serré la main ainsi qu’à ses compagnons, leur présenta Bernard.

— Je vous remercie d’être venus, citoyens, fit le mineur. Vous ne sauriez croire le bien que fera votre présence dans une malheureuse ville comme Mersey.

Puis, ce fut à son tour de présenter les délégués. Il y eut échange rapide de paroles cordiales et de poignées de main.

Déjà le train était reparti lorsque le groupe formé par les orateurs et les organisateurs de la réunion apparut hors de la gare.

Quelques cris de : « Vive la République ! » les saluèrent. Il y en eut même un — hardiesse qui impressionna la foule — de : « Vive la sociale ! »

Les arrivants répondirent au même cri de : « Vive la République ! » en levant leurs chapeaux. Puis le cortège s’étant formé se dirigea aussitôt vers le cabaret du Fier Lapin.

Cependant Paryn causait avec Bernard, s’informait de la situation et s’étonnait intérieurement de la justesse avec laquelle le mineur répondait à ses questions. Cet ouvrier au sens droit et lucide lui paraissait autrement intéressant que nombre de politiciens.

— Au nom de qui est organisée la réunion ? lui demanda-t-il.

— Tout simplement au nom d’un groupe de républicains, répondit Bernard. Il était impossible de mettre en avant les mineurs qui sont ici traités en ilotes. Le citoyen Brossel et moi avons seuls paru pour donner nos noms comme organisateurs.

— Brossel a une profession qui le rend indépendant, mais vous ?

— Ah ! moi… tant pis !

Et Bernard dit ses amertumes, sa rage de se sentir soupçonné, son désir d’éclaircir la situation même par un coup d’éclat qui lui enlèverait son pain.

— J’aurais bien pu quitter le service de la Compagnie, ajoutait-il, mais cela aurait-il mis fin aux