Page:Malato - La Grande Grève.djvu/311

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Et comme l’homme pressait le pas, elle, sans savoir pourquoi, ralentit le sien.

Cet individu, c’était Martine.

On se rappelle qu’après avoir vu disparaître Détras sur la route de Chôlon, l’ex-policier avait eu une hésitation, puis, après quelques pas pour retourner à Véran, s’était dirigé vers Gênac.

Il y était arrivé la nuit précédente et avait couché à la Belle Aventure, d’où il pouvait surveiller les allées et venues des hôtes de l’Étoile solitaire, un kilomètre à peine séparant les deux auberges.

En outre, à la Belle Aventure, Martine pouvait obtenir des renseignements précieux ; la patronne, belle femme de trente ans, peu farouche avec ses clients et dont le mari s’effaçait discrètement, devait peu aimer ses concurrents. Bavarde par nature et par profession, elle le serait, sans doute, bien davantage si elle avait la pensée que ses paroles pussent nuire tant soit peu à ses voisins de l’Étoile solitaire.

Ainsi, et avec beaucoup de raison, avait conjecturé Martine.

Toutefois, Rose Maurin, ainsi s’appelait l’hôtesse de la Belle Aventure, n’avait pu lui apprendre rien de très sérieux pour l’excellente raison qu’elle ne savait rien. Tous les matins, à sept heures, la petite Berthe allait à l’école de Gênac ; tous les soirs, vers quatre heures et demie, on la voyait revenir ; parfois sa mère allait au-devant d’elle. Deux fois par semaine à peu près, Panuel se rendait au Brisot pour y faire des commandes. C’était tout.

Martine avait payé d’avance pour deux nuits une chambre qu’un petit escalier faisait communiquer directement avec la route de Gênac sans passer par la salle de l’auberge. Il s’était fait donner, en même temps que la clef de la chambre, un passe-partout, ce qui lui permettait de sortir et de rentrer à n’importe quelle heure, sans être remarqué.

Peut-être la belle hôtesse flaira-t-elle quelque louche