Page:Malato - La Grande Grève.djvu/323

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ses deux compagnons, l’un avocat, l’autre représentant de commerce.

Après l’avoir pris de haut, il baissa même le ton lorsque Paryn lui eut froidement déclaré :

— Aujourd’hui, un guet-apens ignoble s’attaquant à la sûreté individuelle et à la liberté de réunion, a été commis à Mersey. La police ne pouvait l’ignorer ; en le laissant s’accomplir, elle s’y est associée ; elle a de la sorte violé la loi qu’elle a pour mission de faire respecter. Les conséquences en seront graves, monsieur le commissaire.

Pidurier était très brave avec les gens qui tremblaient devant son titre et son écharpe. En face de Paryn et ses compagnons, tout aussi calmes, il se trouvait beaucoup moins à l’aise. Il se disait que ces hommes étaient peut-être de futurs députés avec lesquels il ne convenait pas de se brouiller entièrement, tout en continuant à servir le baron des Gourdes. Aussi, commença-t-il à ne plus les traiter tout à fait en accusés.

— Asseyez-vous et causons, messieurs, dit-il en désignant à ses prisonniers restés debout le banc qui faisait face à son bureau.

Ce « causons », prononcé à la suite d’événements aussi violents, avait une saveur intraduisible.

— Ce n’est pas ici que nous devions causer, murmura Vallon avec une pointe d’ironie, c’était au Fier Lapin.

— J’avais autorisé la réunion, répliqua le commissaire, mais je ne pouvais prévoir que votre arrivée donnerait lieu à des manifestations aussi violentes.

— À des manifestations ! dites à une tentative d’assassinat !

C’était Paryn qui rétablissait ainsi les choses. Renouard ajouta :

— Commise et préparée par la police particulière du baron des Gourdes avec la tolérance de l’autorité.