Page:Malato - La Grande Grève.djvu/444

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à l’unanimité, lorsqu’une pluie de papiers multicolores vint s’abattre dans la cour.

Détras, qui assistait à la réunion, ramassa un de ces papiers et le regarda. C’était un manifeste ainsi conçu :

« AUX MINEURS,

« Camarades, on vous trompe. Des hommes, pour se faire une popularité, pour devenir conseillers municipaux ou députés, exploitent votre naïveté en vous poussant à la prolongation de la grève. Ils se moquent bien de votre misère parce qu’ils ont le ventre bien plein et la poche bien garnie. Ces agitateurs et les politiciens qu’ils ont appelés à leur aide sont vos ennemis.

« Le syndicat des mineurs de Mersey est devenu l’aveugle instrument de leur ambition. C’est pourquoi nous estimons nécessaire de créer un autre syndicat qui s’occupe de vos intérêts par la légalité, l’ordre et le travail. À bas l’agitation, le désordre et l’anarchie !

« Un groupe de mineurs. »

Détras demeura soucieux. Autour de lui la foule s’écoulait péniblement par l’issue trop étroite ; des assistants avaient également ramassé des imprimés et les lisaient, marquant leur étonnement ou leur indignation. Quels étaient donc les hommes qui, sous le couvert de l’anonymat, venaient au moment de la lutte tirer dans le dos aux grévistes ? Derrière cette signature, qui n’en était pas une : « un groupe de mineurs », il entrevoyait nettement la Compagnie, des Gourdes, Troubon, Moschin ; mais cependant ceux-ci ne pouvaient agir directement eux-mêmes ; il leur fallait des sous-agents. Qui étaient ces sous-agents ?

Une voix s’écria :

— À bas les faux frères ! Vive le syndicat rouge !

La clameur unanime, formidable, de « Vive le