Page:Malato - La Grande Grève.djvu/459

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— Ils ne sont pas d’ici ! fit Céleste.

Elle et Galfe se regardèrent, échangeant dans ce regard la même pensée. À coup sûr, c’étaient des raccolés, des jaunes embauchés sans bruit par la direction pour mater la grève.

— Approchons-nous, dit Galfe.

Si, entraîné par sa nature songeuse, loin des événements terre à terre, il n’avait point jusque-là apporté comme Détras de concours actif aux mineurs, il n’en demeurait pas moins l’ancien esclave révolté. En ce moment, il sentit battre son cœur et s’enflammer son esprit à la pensée des hommes de sa classe engagés dans une lutte désespérée contre le capital.

Ils achevèrent de descendre la côte et se trouvèrent à deux pas des mineurs. Galfe aborda l’un d’eux dont la physionomie, quoique soucieuse, paraissait assez ouverte.

— Vous venez pour travailler aux mines ? demanda-t-il.

L’homme eut une sorte d’hésitation, puis, d’une voix sourde, répondit :

— Oui.

— C’est mal, fit Céleste d’une voix douce mais ferme. Vous allez enlever le pain à des ouvriers comme vous, à des femmes, à des enfants. Vous n’avez donc pas de familles, vous autres ?

L’homme ne répondit pas.

— Voyons, camarades, dit Galfe. Il ne faut pas se manger entre travailleurs ; vous aussi vous êtes des exploités, Vous devriez vous unir tous contre les patrons. Mais, à propos, d’où venez-vous ?

— Du Brisot, murmura sourdement le mineur.

— Du Brisot !

Cette exclamation jaillit en même temps des lèvres de Céleste et de Galfe. Quoi, c’était l’autocrate, le dieu terrestre de cette ville qui envoyait ses esclaves