Page:Malato - La Grande Grève.djvu/493

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la plus haute autorité du département. D’autres, enfin, regimbaient.

Quant à Paryn, il était indigné.

— Oh ! songeait-il, si j’étais député, c’est moi qui marcherais contre cet homme pour le briser.

Si j’étais député ! Ces mots répondaient à l’idée qui depuis deux ans avait germé en lui. Quand il s’était lancé dans la lutte électorale pour conquérir la mairie de Climy, il avait bien prévu que son essor ne s’arrêterait pas là, que le Palais-Bourbon, véritable arène des combattifs, l’attendait.

Déjà une vacance de siège ayant eu lieu dans la circonscription voisine, ses amis l’avaient pressé d’accepter la candidature. Souriant, il avait refusé par ces mots exempts d’ambiguïté :

— Plus tard ! Le moment n’est pas encore venu.

Mais maintenant, le moment semblait venu. L’Union populaire était chaque jour plus prospère, car son allure pendant la grève de Mersey avait encore augmenté le nombre de ses lecteurs. Appuyé sur ce journal aimé, il pouvait facilement braver les attaques des feuilles réactionnaires coalisées : le Lyon démocratique, le Progrès chôlonnais, la Gazette de Seine-et-Loir, la Croix de Seine-et-Loir. Les radicaux et radicaux-socialistes de la circonscription ne cessaient de le harceler.

Et pourtant, Paryn hésitait encore. Par moments, il se demandait si l’activité déployée au Palais-Bourbon par les honorables servait réellement à quelque chose et si tous les progrès sociaux n’avaient pas été réalisés en dehors de l’initiative parlementaire. Il repassait l’histoire de tout le siècle et voyait sans cesse les grands élans généreux partis d’en bas, de la masse du peuple, les inventions, les idées créées par le travail des individus ou des minorités. Les législateurs n’avaient su que sanctionner l’œuvre déjà accomplie. De tous les parlements, un seul