Page:Malato - La Grande Grève.djvu/52

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— Un revolver et des imprimés, fit sans hésitation le président de la Mutuelle.

Albert recula d’un pas.

— Comment sais-tu cela ? exclama-t-il.

— Parce que j’en ai reçu autant. Vilaud et Janteau également.

— Diable ! que penses-tu de cela ?

— Que c’est un piège de la police. Chamot aura eu vent de notre association et cherche à en dénaturer le caractère. C’est lui-même qui aura fait envoyer les armes et les manifestes.

— Lui !… Après tout, il en est bien capable !…

— Oui, mais nous déjouerons son plan. Sans attendre une perquisition, nous irons déposer le tout entre les mains du commissaire de police.

Albert eut un geste de répulsion.

— La police, dit-il, je ne…

Il n’eut pas le temps d’achever. Janteau s’était approché, suivi de Vilaud et, impétueusement, s’écriait :

— Toi aussi, tu as reçu quelque chose ! Eh bien ! je ne suis pas du tout de l’avis de Ronnot. D’abord, rien ne nous prouve que ça vienne des mouchards.

— D’où veux-tu que ça vienne ? demanda Ronnot.

— D’où ! Peut-être d’un groupe révolutionnaire. Allez-vous dire qu’il n’en existe pas ? Vous êtes pour la révolution.

— Pas moi ! fit nettement Ronnot, je suis pour le progrès sage et les choses sensées.

— Ah oui ! fit avec amertume le jeune mineur. Tu glorifies les révolutionnaires d’autrefois, ceux qui ont pris la Bastille, mais tu te défies de ceux qui veulent les imiter !

La discussion menaçait de s’aigrir. Vilaud s’interposa :

— Évidemment, fit-il, on peut avoir l’opinion qu’on veut, mais il ne faut pas traiter de mouchards tous ceux qui parlent de révolution. Qui sait si cette