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tion de société chrétienne s’ébauche à Rome, les masses perdent de vue leur rédemption ou, plutôt, désespérant de la réaliser sur cette terre, la reculent au lendemain de la mort. La révolution qui devait les émanciper aura Dieu lui-même pour acteur et s’appellera le jugement dernier : les flammes de la vengeance, non plus humaine, mais céleste, consumeront les oppresseurs.

De tout temps, le feu a joué un grand rôle dans les mythes religieux. Cette conquête, la plus précieuse qu’ait pu faire l’homme préhistorique, donna lieu à la belle fable de Prométhée chez les Grecs. Chez les peuples d’Asie, le feu fut considéré comme l’élément incorruptible, à la fois destructeur et purificateur. Arme populaire du faible qui se venge, le feu, dans la religion nouvelle, devint l’agent de la colère céleste. Aujourd’hui encore, c’est avec une dose de mysticisme que certains révolutionnaires parlent du Coq-Rouge[1].

Sous Néron, l’excès de tyrannie engendre dans les provinces, révoltes et conspirations. Pendant qu’à Rome, les mécontents rongent le frein, paralysés par une masse avachie, la Judée se soulève. Des montagnes, des déserts, une armée de furieux surgit. Gens prêts à tout, fanatiques dans l’idée, féroces dans la victoire, vivant entre eux dans le plus entier communisme. « La Judée était pleine de voleurs », a dit l’historien Flavius Josèphe. Voleurs ! ces hommes qui combattaient désespérément pour

  1. Nom donné à l’incendie, dans la littérature populaire. Les révoltés du moyen âge comparaient les flammes s’élevant au-dessus des castels, à un immense coq battant des ailes.