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hésité entre les Germains, libérateurs redoutables, et les Romains, maîtres auxquels elle finissait par s’habituer. Après un mouvement de révolte ébauché, on s’était, bien vite, replongé dans la servitude. Battu par ses compatriotes eux-mêmes, l’insurgé Sabinus, réfugié dans un souterrain, y avait vécu neuf ans avec sa femme Éponine, devenue mère. Découverts, ils furent tous deux mis à mort sur l’ordre de l’empereur.

Les documents qui permettraient de reconstituer d’une façon exacte l’histoire sociale du christianisme depuis cette période jusque sous Trajan font défaut. Il y eut vraisemblablement un demi-siècle de silence pendant lequel le christianisme continua de s’infiltrer dans les masses. Les milliers de Juifs captifs, traînés en Europe, y répandirent leurs idées grossièrement commentées et interprétées par le vulgaire. Beaucoup de ces malheureux furent condamnés à bâtir l’immense amphithéâtre du Colisée où des chrétiens devaient être livrés aux fauves sous les yeux impassibles de César.

Règle générale : un peuple dispersé conquiert le monde, — moralement du moins, — en lui communiquant ses idées et ses mœurs. Dix-huit cents ans après la prise de Jérusalem, cinquante mille proscrits, fuyant Paris assassiné par un réacteur non moins féroce que Titus, devaient jeter sur le globe entier les germes de la révolution sociale.

Des manifestations matérielles accompagnaient l’évolution des idées : ce n’est pas d’aujourd’hui que date la propagande par le fait. En dépit de l’excessive prudence recommandée par Paul, des actes