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STANCES.


XV

SUR L’ÉLOIGNEMENT PROCHAIN
D’UNE DAME

1608


Le dernier de mes jours est dessus l’orison :
Celle dont mes ennuis avoient leur guerison
S’en va porter ailleurs ses appas et ses charmes.
Je fais ce que je puis, l’en pensant divertir ;
Mais tout m’est inutile, et semble que mes larmes
Excitent sa rigueur à la faire partir.

Beaux yeux, à qui le Ciel et mon consentement,
Pour me combler de gloire, ont donné justement
Dessus mes volontez un empire supréme,
Que ce coup m’est sensible, et que tout à loisir
Je vais bien épreuver qu’un déplaisir extréme
Est tousjours à la fin d’un extréme plaisir !

Quel tragique succez ne dois-je redouter
Du funeste voyage où vous m’allez oster