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STANCES.

Et, d’un conseil audacieux,
En bergers, bestes et satyres,
Afin d’appaiser leurs martyres,
Les ont fait descendre des cieux ?

« Non, non ; si je veux un remede,
C’est de moy qu’il faut qu’il procede,
Sans les importuner de rien :
J’ai sceu faire la delivrance
Du malheur de toute la France ;
Je la sçauray faire du mien.

« Hastons donc ce fatal ouvrage ;
Trouvons le salut au naufrage,
Et multiplions dans les bois
les herbes, dont les feuilles peintes
Gardent les sanglantes empraintes
De la fin tragique des rois.

« Pour le moins la haine et l’envie
Ayant leur rigueur assouvie
Quand j’auray clos mon dernier jour,
Oranthe sera sans alarmes,
Et mon trépas aura des larmes
De quiconque aura de l’amour. »

À ces mots, tombant sur la place,
Transi d’une mortelle glace,