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STANCES.


XXIII

PLAINTE SUR UNE ABSENCE

Av. 1610


Complices de ma servitude,
Pensers où mon inquietude
Trouve son repos desiré,
Mes fideles amis et mes vrais secretaires,
Ne m’abandonnez point en ces lieux solitaires :
C’est pour l’amour de vous que j’y suis retiré.

Partout ailleurs je suis en crainte,
Ma langue demeure contrainte ;
Si je parle, c’est à regret ;
Je pese mes discours, je me trouble et m’étonne,
Tant j’ay peu d’asseurance en la foy de personne ;
Mais à vous je suis libre, et n’ay rien de secret.